
Contrairement aux affirmations du ministre, aucune attaque « venue de l’étranger » et dirigée contre les serveurs du CNED (enseignement à distance) n’avait été identifiée mardi, d’après des sources internes au Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale.
On est tombés des nues au Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN), un organisme de pointe chargé de veiller aux menaces « cyber » et qui relève de Matignon, en entendant Jean-Michel Blanquer invoquer mardi une attaque informatique « apparemment venue de l’étranger », qui expliquerait la paralysie du site du Centre national d’enseignement à distance (Cned).
La plateforme « Ma classe à la maison » fournie par cet établissement public dépendant du ministère de l’éducation nationale était effectivement inaccessible mardi depuis une large partie du territoire, et connaissait encore des ralentissements mercredi matin. Un coup des hackers russes, chinois sinon nord-coréens, semblait donc suggérer le ministre.
Or, d’après plusieurs sources de Mediapart au sein du SGDSN, aucune attaque venue de l’étranger n’a été identifiée expliquant l’inaccessibilité du site. Ce mercredi encore, l’une des sources témoignait de son agacement à propos de cette interprétation. (...)
L’histoire semble avoir été inventée de toutes pièces par Jean-Michel Blanquer pour justifier l’incapacité de son administration à assurer la « continuité pédagogique » promise aux enseignants et aux familles, au premier jour de la fermeture des établissements scolaires pour cause de pic épidémique. (...)
D’autres éléments de langage ont par ailleurs été avancés mardi pour expliquer les pannes des « espaces numériques de travail » (...)
Côté enseignants, la défense du ministre ne convainc personne. « On savait que cela ne fonctionnerait pas, tranche Arnaud*, un professeur de français affecté par les dysfonctionnements des ENT. On sait que depuis un an, rien n’a été fait pour améliorer les différentes ressources à notre disposition. Quant aux supposées attaques envers le Cned… »
Attaques « venues de l’étranger » ou non, l’essentiel est ailleurs pour les syndicats. (...)