
Coauteur, avec Roger Establet, de l’Élitisme républicain. L’école française à l’épreuve des comparaisons internationales (Seuil, 2009), le sociologue Christian Baudelot pointe l’inefficacité des politiques élitistes.
Au fond, beaucoup de décideurs ne veulent pas foncièrement remettre en cause ce système élitiste car ils en ont profité et en font profiter leurs enfants. Or, ce que montre Pisa, c’est que les pays qui ont décidé de prendre le problème à bras-le-corps ont réussi à améliorer la situation. (...)
La présence massive de chômage ne va pas aider à la motivation des élèves qui ne voient pas, objectivement, le lien entre les efforts qu’ils font à l’école et l’emploi qu’ils auront. Dans le même temps, ces cités sont confrontées à un phénomène de ghettoïsation, avec une fuite des parents de classe moyenne. À cela s’ajoute, enfin, le fait que l’école considère beaucoup trop les familles comme des auxiliaires de l’enseignement, ce qui fait de la France l’un des pays où l’origine sociale a le plus d’impact sur la réussite scolaire. (...)
Toutes les études montrent que mettre d’un côté les faibles et de l’autre les forts a pour conséquence d’accroître les inégalités. Ce qui marche, en revanche, c’est la mixité scolaire à tous les niveaux. (...)
Sur le fond, la France manque d’une réelle ambition pour l’école. Après la guerre, tout le monde considérait l’école comme un bien public. Aujourd’hui, c’est le règne du chacun pour soi, et il n’y a plus d’objectif commun. Sous de Gaulle, on a développé la scolarisation, sous Giscard, on a créé le collège unique, sous Mitterrand, ce fut l’objectif – inachevé – de 80 % de bacheliers. Il y avait une volonté politique qui donnait un sens collectif à l’action. À partir de Jacques Chirac, il n’y a plus de cap, si ce n’est les économies budgétaires.