
J’ai écrit vingt chroniques du Diois. Je viens d’aller vérifier.
Lorsque j’ai commencé à tenir cette chronique mensuelle sur Reporterre, il y a presque deux ans, j’étais en convalescence politique, en train de replonger pieds nus dans la terre de cette vallée, heureuse d’y sentir enfin le temps se suspendre un peu et de pouvoir goûter aux plaisirs d’y vivre. J’étais en pleine réflexion sur l’utilité de mon engagement, sur la meilleure manière de le concrétiser, déchirée comme souvent entre mes désirs de nomadisme et de foyer, entre la tentation du retrait éthéré et la nécessité de s’imprégner du réel, du petit, du local comme on dit.
Il a donc été question, au fil de chacun de ces épisodes, du lien entre ce quotidien au pied du Vercors et la Politique avec un grand P, celle qui représente les citoyens, défend les opprimés, consulte et édicte les lois, définit le cadre dans lequel on agit, celle qui fait respecter l’intérêt général et garantit le bien commun à chacun... Hum, oui. Et celle du petit p, hélas fort répandue, qui ne fait rien de tout ça et désespère, nombriliste et étriquée, trop préoccupée de courir après les médias et de renouveler ses mandats.
J’ai mis de la distance et appris à mieux caler mon regard
Alors, j’ai mis tous mes sens en éveil, du regard évident au toucher délicat. Comme les gamins qui savent qu’encadrer un paysage entre ses doigts permet de mieux le percevoir, j’ai humé le vent de manière plus intense de savoir que j’aurai à le raconter, porté une attention différente aux montagnes qui m’entouraient. J’ai redécouvert le Diois que je n’avais fait que traverser, en locataire, et appris à l’aimer en me l’appropriant, en le peignant de mots, en le rimant, en allant à la rencontre de celles et ceux qui le vivent et le font vivre à chaque instant. (...)