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Économie : Quand l’argent part en fumée…
Article mis en ligne le 5 octobre 2013
dernière modification le 30 octobre 2013

Marché colossal d’un côté, guerre sans fin de l’autre, le commerce de la drogue remue des masses considérables d’argent. Interrogé par CQFD, l’économiste Christian Ben Lakhdar rectifie quelques contre-vérités sur ce business coincé entre caricature et omerta d’État.

Si le cannabis n’existait pas, on économiserait globalement 919 millions d’euros en France. Plus de la moitié de cette somme est consacrée à la mobilisation des ressources policières, judiciaires et pénitentiaires. Cette chasse concerne principalement les usagers. On a interpellé dans les années 2009-2010 plus de 100 000 usagers de cannabis : un travail policier qui ne sert à rien. Pour l’économiste que je suis, c’est un pur gaspillage d’argent public. (...)

Et le marché du cannabis génère combien d’argent ?

On estime que les consommateurs dépensent entre 800 et 900 millions d’euros pour s’approvisionner. Ce qui est à peu près équivalent au coût social. Seuls les petits grossistes et les trafiquants internationaux récoltent des revenus importants. Plus l’on descend vers la transaction avec le consommateur, plus les revenus de trafic s’amenuisent. En bas de l’immeuble, dans le quartier, le dernier revendeur va recevoir – ce que confirment des enquêtes réalisées aux États-Unis, en Nouvelle-Zélande, en Norvège et en France – à peine l’équivalent d’un salaire minimum légal. En faisant une moyenne, pour la France, entre les divers lieux de vente du cannabis – cités, quartiers, milieu rural – un vendeur de cannabis en bas de l’échelle gagne annuellement de 6 à 7 000 euros, bien en dessous des 10 ou 12 000 euros du Smig. Pour un guetteur, on parle de 50 à 60 euros par jour, Il s’agit essentiellement, pour le gros de la troupe, d’un salaire de subsistance, d’une économie de la débrouille [1].

Pourquoi l’État continue de dépenser 500 millions d’euros pour une guerre perdue ?

Les forces de l’ordre appliquent la loi du 31 décembre 1970. Hormis Daniel Vaillant en 2003, ancien ministre de l’Intérieur, aucun politique n’a essayé de proposer une alternative. Dès l’instant où cette loi sera modifiée ou abrogée, il y aura peut-être plus d’argent pour la santé publique et pour la prévention. C’est ce qui s’est passé au Portugal, et aujourd’hui dans des États nord-américains ou dans des États d’Amérique du Sud. Des débats et des référendums ont mis en avant la question de la faillite des finances publiques pour justifier la légalisation du cannabis : elle rapporterait des milliards de dollars grâce aux taxes collectées.

Sur la question de la drogue il n’est toujours question publiquement que de répression.

Nos politiques, depuis le maire de la petite ville jusqu’aux députés et aux ministres ne connaissent rien à la question de la drogue. (...)