
Quelles doivent être les valeurs d’une école qui se veut laïque ? Les valeurs de la rationalité critique (et il n’y a pas de savoir, même scolaire sans réflexion critique) et de la tolérance. Or, dès lors que l’intolérance doit être déconstruite, il faut faire du conflit des valeurs un enjeu éducatif à l’école, ce que cherche à faire l’ABC de l’éducation. Que cela ne plaise pas à tout le monde et surtout pas aux fanatiques et traditionalistes de tous bords est non pas seulement normal, mais nécessaire à l’éducation à la tolérance et à la liberté des futurs citoyens que sont les élèves.
1) Le conflit des valeurs est nécessaire à l’éducation de la liberté.
C’est bien à l’école laïque de le mettre en scène pédagogique. Si elle ne le faisait pas, pour faire plaisir aux fanatismes de tous bords, elle ne pourrait même plus enseigner quoi que ce soit (même pas la langage qui est tout sauf neutre, on le voit en ce qui concerne les stéréotypes sexuels). Parler de liberté c’est parler d’abord de celle des enfants qu’il ne faut surtout pas confiner dans les préjugés de leur milieu familial, social, générationnel ou médiatique. L’école seule peut faire ce travail. Aucune autre institution, la famille encore moins que toute autre, ne peut seule éduquer à la réflexion critique, y compris et surtout dans le domaine des valeurs. Ne pas le faire c’est laisser libre cours aux enfermements idéologiques et communautaristes et donc, à terme, aux croyances et aux fanatismes les plus irrationnels, générateurs de guerres civiles plus ou moins violentes et plus ou moins ouvertes et/ou latentes. En cela les enfants n’appartiennent ni à la famille, ni à l’école, ni à l’état, mais doivent apprendre à s’ appartenir à eux-même.
2) Le rôle éducatif de l’école est indispensable.
Le rôle éducatif et non pas seulement d’enseignement est une constante dans toutes les sociétés du monde pour deux raisons simples : il n’ y a pas d’enseignement des savoirs sans formation intellectuelle et éthique de la vérité rationnelle et critique. Dans une société démocratique et pluraliste, il n’y a pas de citoyenneté sans apprentissage des règles de l’argumentation et de la tolérance critiques (...)