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Greek crisis
ERT la deuxième mort
Article mis en ligne le 7 novembre 2013

Nous ne nous attendons plus qu’au pire. Résignés, nous assistons depuis ce matin tôt à l’envahissement par les forces de l’ordre des locaux de la radiotélévision publique autogérée ERT. L’arbitraire de la dictature Samaras et de la Troïka n’aurait pas de fin. Le quartier a été bouclé, les policiers ne laissent entrer plus personne à l’intérieur du bâtiment, même pas, les députés de l’opposition. Et ceux qui en sortent ont les yeux bien rouges. Lors des dernières minutes d’émission de la radio ERA-ERT, on a entendu en direct la voix du policier s’adressant au journaliste : “Ce sont vos affaires ici ? Oui, le sac de couchage et le reste... Prenez-les et partez”. Surtout le reste. Temps alors si redoutables.

Les forces de l’ordre nouveau et eurocrate car il faut dire les choses en entier, ont frappé les premiers citoyens qui se sont rendus sur les lieux dès 5h du matin, empêchant ainsi toute manifestation spontanée. Peu avant le grand silence, la voix du dernier journaliste, Nikos Tsimbidas lançait un appel alors émouvant au soutien populaire. “Dorénavant, depuis ces micros vous n’entendrez plus la voix libre des journalistes de la seule radiotélévision publique, bonjour à la Grèce du XXIème siècle... des années 1930 et du Moyen âge... c’est la fin”. Ensuite, certains membres du personnel et des journalistes ont été frappés par les policiers, de même que deux députés SYRIZA (reportage sur 105,5 FM).

Je le savais déjà. Nous le savions tous, les derniers autogestionnaires de notre ERT me l’avaient répété il y a à peine deux semaines. J’avais assisté pour la dernière fois sans le savoir à une émission en direct du studio. Sauf que je le pressentais très fortement. Il y quelques jours, le site des “zoornalistas” avait divulgué l’existence d’un document qui aurait suffisamment circulé pour être connu. Ce document faisait état... de la prochaine étape, celle de l’évacuation à ERT, exactement de la manière dont les faits se sont déroulés ce matin. Les “zoornalistas” prétendent que la plus haute sphère Syriziste en serait informée.Et l’affaire serait ainsi close comme lors d’un compromis... historique. “Nous sommes dans un régime de dictature... parlementaire” a cependant déclaré à la radio le député et chef de file de la mouvance gauche de SYRIZA, Panagiotis Lafazanis, (Real-FM, le 7 novembre). (...)

Je ne peux pas confirmer la nouvelle des “zoornalistas”, d’ailleurs elle ne sera jamais officialisée et ainsi potentiellement vérifiée. Ce que je peux par contre confirmer... côté SYRIZA, et pour ce qui est de la pratique et du terrain comme on dit, eh bien, rien n’a été fait depuis l’été pour préserver ERT, sa lutte ou son autogestion. Ceci, m’a été autant confirmé à plusieurs reprises et avec quelle amertume par le personnel ERT, la dernière fois, c’était il y a deux semaines.

J’ai entendu ce matin les députés Syriza, j’ai même échangé quelques mots également avec Spyros Halvadjis, député KKE, le PC grec. Je ne mettrai pas en cause la parole ou la sincérité des députés, s’agissant des Syrizistes surtout. Ils sont sans doute sincères... en paroles, ce sont par contre certains actes ou plutôt l’apraxie désormais trop visibles, que posent alors problème. En plus, Alexis Tsipras était encore au Texas avant-hier (pour déclarer... que nous ne sortirons pas de l’euro) et Manolis Glezos est hospitalisé.

Notre pseudo-démocratie est une farce déjà, Antonis Samaras et Evangelos Venizélos sont à l’origine de l’ordre donné aux forces de l’ordre à investir le siège de l’ERT “afin de rétablir l’ordre démocratique”, ils ont ainsi directement... revendiqué cet acte, reste alors à déterminer dans quelle mesure nos partis de l’opposition ne relèveraient-ils pas... d’une pseudo-opposition. (...)

Dans un pays qui est en trin de subir une guerre économique et dont les habitants se chauffent désormais exclusivement au bois comme en 1940, toute langue de bois part aussi en fumée.

Et de ce point de vue, le “gouvernement grec” d’Antonis Samaras, éprouve bien de la peine lorsqu’il se lance dans les euphémismes trop surfaits à destination de l’opinion publique. Cela ne passe plus tellement. (...)

Entre temps, une autre télévision publique régionale, celle de Valencia en Espagne vient de connaître la même mort subite que notre ERT. La méthode n’est pas grecque, Samaras n’invente même pas dans un sens, et tout cela préfigure fort cette Europe (et cette UE) du XXIème siècle néo-totalitaire dont nous sommes les premiers témoins directs. (...)

Les syndicats des journalistes, les autres syndicats ainsi que les partis anti-mémorandum (?) appellent à manifester à 16h ce jeudi, place d’Agia Paraskevi près du bâtiment de l’ERT. Achilléas Panagoulis, le journaliste solidaire, tué accidentellement devant le portail de la radiotélévision en septembre dernier n’y sera plus. Mais ce soir à 16h c’est comme si nous l’enterrions une deuxième fois...