
Vingt ans après le traité de Maastricht, le modèle capitaliste actuel de construction européenne est un échec. Loin de « l’ère de prospérité » promise, il débouche sur toujours plus d’austérité, d’affaiblissement des services publics, de chômage et de précarité, avec des institutions à la dérive autoritaire prononcée, à l’image de la Troïka contre les peuples. Au service de la finance, il délaisse la notion de coopération, pour l’exaltation de la concurrence entre les peuples et les mondes du travail, au prix d’une déflation salariale.
Pire, ces orientations donnent du « carburant » aux dérives nationalistes, (voire xénophobes, on le voit en France et en Hongrie par exemple), prônant des replis sur soi, agitant l’illusion que « sortir de l’Union Européenne » ou « sortir de l’euro », seraient des solutions, alors qu’elles déboucheraient sur une autre forme de dévaluation salariale et sociale dans une concurrence protectionniste entre les États. Les différentes déclinaisons du « sortir » tournent le dos au besoin grandissant de coopération pour faire face aux besoins d’aujourd’hui, dans des domaines aussi divers que l’énergie, le climat, la Méditerranée, mais aussi le devenir du modèle social européen ; comme le rappelait Patrick Le Hyaric, les 28 pays de l’Union Européenne , c’est 7 % de la population mondiale, 25 % du PIB mondial, et la moitié des dépenses sociales de la planète.
Ce n’est pas simplement la « faute à l’Europe » ou à « Bruxelles ». Ces choix « austéritaires » ne viennent pas seulement de technostructures hors sol ! Les majorités politiques, les gouvernements des États, et le patronat des firmes dominantes et du secteur financier ont une responsabilité principale. À commencer par les choix désastreux de Hollande de s’aligner sur la politique de Merkel, de la ratification du traité « Merkozy » à l’enfoncement dans la « politique de l’offre » du Pacte de responsabilité et ses 50 milliards de coupe dans les dépenses publiques et sociales.
Sortir de l’impasse, c’est à la fois unir et rassembler pour des axes immédiats qui imposent d’autres choix que les carcans austéritaires, en contournant les obstacles des traités actuels et travailler aux bases d’une refondation de l’Europe, vers une union de nations et de peuples souverains et associés. Voici quatre exemples pour imposer d’autres choix :
C’est faire droit au plan d’investissement de 250 milliards d’euros par an, pendant dix ans proposé ce 4 avril par la Confédération Européenne des Syndicats, qui a des convergences avec la proposition du PGE et d’Alexis Tsipras d’un « New-Deal » européen pour l’emploi, la protection sociale et la transition écologique.
- C’est remettre en cause les directives qui encouragent le dumping social et la mise en concurrence des travailleurs de différents pays, comme les actuels « travailleurs détachés ».
- C’est desserrer l’étau des marchés financiers sur la dette publique des états, que la prédation de ces mêmes marchés et leur sauvetage ont contribué à puissamment creuser. La BCE peut dès aujourd’hui prêter à des « pôles publics du crédit » qui refinanceraient dans de bonnes conditions des dettes publiques insoutenables. Et ouvrir la voie à de véritables restructuration-annulation des dettes pour leur part illégitime.
- C’est bloquer la désastreuse négociation actuelle entre l’UE et les USA pour qui le « grand marché transatlantique » donnerait des pouvoirs encore plus grands aux multinationales et décuplerait la violence de la concurrence de tous contre tous. (...)