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Greek Crisis
Dignité
Article mis en ligne le 11 décembre 2014

Athènes temps gris et temps fort. Les camarades de Nikos Romanos, jeunes comme lui étaient encore là, devant les grilles de l’hôpital. La nouvelle venait tout juste de tomber. Le “gouvernement” du lugubre Samaras a reculé face à la mobilisation, la leur et la nôtre, et face à sa propre absurdité politique peut-être. Un amendement de la dernière minute faisant suite à la proposition des partis de l’opposition et donc il accorde le droit... bafoué à Níkos Romanós. Lui, tout comme les autres détenus pourront alors étudier. Depuis ce matin, il avait aussi refusé de boire. Il interrompt alors sa grève de la faim. Soulagement et alors dignité. Il était grand temps.

L’hôpital est toujours bien... gardé par les unités de “notre” police prétorienne, l’ambiance semble calme mais dans l’âme, elle ne l’est pas. Des employés de l’hôpital, des malades et des visiteurs se penchent depuis leurs fenêtres pour mieux apercevoir le groupe que composent les camarades de Níkos Romanós.

On sent que quelque chose se passera de toute manière et que le décret du “Parlement” déciderait de la vie et de la mort de Níkos et autant, de l’ultime résidu de dignité chez les élus de la “gouvernance” de Samaras et des extrémistes de la Troïka. Il ne faut pas oublier un seul moment tout de même, que ces extrémistes usurpateurs des souverainetés et des libertés populaires sont toujours en train de prendre des vies, par leur politique intentionnellement appliquée, et cela même, au sens propre. (...)

Ainsi, c’est en apprenant que la vie de Níkos avait été épargnée grâce à la mobilisation des démocrates en Grèce comme ailleurs, et bien au-delà même du cercle de sa propre famille idéologique, voilà qu’au même moment, par un communiqué du dispensaire solidaire et citoyen d’Ellinikón (près d’Athènes) initié par mon ami, le cardiologue Yórgos Víkhas, une autre nouvelle est tombée : “Un enfant âgé de 5 ans est décédé, et c’est alors avec beaucoup de tristesse et de colère que nous avons appris l’événement de cette mort... gratuite. D’après les reportages ainsi que selon les plaintes des médecins, ce qui a manqué... était une Unité de Soins Intensifs (USI) pour enfants dans un hôpital entre Athènes et Thessalonique.”

“Le jeune enfant a été transféré d’abord à l’Hôpital général d’Amfissa (Grèce centrale), puis à l’Hôpital général de Lamia (chef-lieu de département). Mais comme cet hôpital manque totalement de praticiens spécialistes en neurologie infantile, et comme l’état de santé de l’enfant s’est aggravé, il a été l’évacué vers la clinique pédiatrique de l’Université de Larissa (chef-lieu de la Région Thessalie). Les médecins ont depuis tenté désespérément de trouver une USI pour enfants à Thessalonique. (...)

Alexis Tsípras était intervenu ce matin auprès du Président de la République ce mercredi matin, pour une fois la... marionnette présidentielle aura bougé, intervenant à son tour auprès de Samarás. In extremis.

Entre-temps et pour ce qui est de la “grande politique”, le “gouvernement” vient de proposer son candidat pour le poste justement du Président de la République. Il s’agit de Stávros Dímas, un politicien du parti de Samarás et ancien membre de la Commission. La porte-parole de cette même Commission européenne a aussitôt fait savoir que cette candidature “peut aider à éliminer les incertitudes qui pèsent sur les marchés, c’est un signal fort adressé à l’Europe”, déclaration émanant des... maîtres-fous depuis Bruxelles, déjà très commentée à travers la presse grecque. (...)

Les députés n’arriveront peut-être pas à faire élire un Président de la République. D’après la Constitution grecque, si, après trois tours de scrutin le candidat de la majorité ne réuni pas en sa faveur le nombre de 180 voix, le Parlement est alors dissout, et des élections législatives ont lieu rapidement. Cette événementialité politique peut très probablement aboutir à la tenue d’un nouveau scrutin législatif vers le début février 2015.

Et pour l’instant, tout le monde le sait en Grèce, comme à travers les capitales européennes, que c’est SYRIZA qui arriverait en tête, sans effectivement pouvoir déterminer la portée exacte d’une telle victoire, et encore moins, pronostiquer clairement sur les circonstances d’après lesquelles SYRIZA gouvernerait alors seul, ou sinon, en formant une coalition (et avec qui ?). (...)

sans doute qu’un probable gouvernement SYRIZA formé en février 2015, se retrouverait et cela en quelques jours seulement sans soutien financier, surtout à défaut d’un accord conclu entre lui et les “créanciers” dits “institutionnels”. (...)

En d’autres termes, les maîtres du jeu “souhaiteraient” se retrouver face à un gouvernement de gauche certes, mais alors, embourbé dans une situation de faiblesse économique et donc politique sans précédant. D’après l’analyse présumée de la Troïka, cette dernière s’y retrouverait finalement, car elle serait en position de force. Calcul risqué ou alors risque bien calculé ?
(...)

La période de la campagne électorale a été lancée officieusement, marquée déjà par une première victoire de SYRIZA, mais une victoire essentiellement portée par Níkos Romanós et par la mobilisation résistante. Cette campagne sera de toute manière ardue, et personne ne peut prédire les évolutions de la situation durant les prochaines semaines. (...)

La vie vient cependant de remporter une bien fragile victoire sur la mort ce mercredi. Rien de définitif évidemment. Et à Athènes c’est toujours la pluie qui domine à la destinée du temps... et du campement... habité près de l’hôpital où Níkos Romanós entreprend son retour à la vie. La nôtre. (...)

De retour de l’hôpital nous avons acheté quelques gâteaux de Noël, 200 grammes car à 16 euros le kilo... le greekcrisis ne supportera pas trop de sucre ! Ainsi, et sous un certain regard bien d’ailleurs notre seule fête de fin d’année a déjà eu lieu.

Sur les murs d’Athènes les consciences brillent plus que jamais, sous la pluie. Athènes temps gris, mais temps résistant.