
Notre collègue et ami Jean Gadrey publie en cette rentrée un livre intitulé Adieu à la croissance, Bien vivre dans un monde solidaire (Éd. Les Petits matins, Alternatives économiques, 2010). Il y synthétise les nombreux articles qu’il a écrits sur son blog, dans Alternatives économiques, Politis, ou ailleurs, et qui ont suscité beaucoup d’intérêt au cours des dernières années, marquées par une crise sociale et une crise écologique provoquées par le capitalisme, intrinsèquement inégalitaire et productiviste.
Essentiellement, trois idées sont exposées dans ce livre.
– La première est que la croissance économique ne peut plus constituer un objectif des sociétés, tant la ponction sur les ressources naturelles est allée jusqu’au point de détruire les équilibres écologiques, tandis que les équilibres sociaux sont promis au même destin. Présentée comme remède à tous les maux, pauvreté, inégalités, pollutions…, « la croissance est devenue croyance, culte, baume miracle pour tout panser sans avoir à penser » (p. 11). Rebaptisée « verte » elle n’en serait pas moins condamnable et condamnée car, au-delà d’un certain niveau de produit intérieur brut, les gains en termes de bien-être disparaissent. Et l’auteur rappelle les critiques adressées à l’indicateur PIB et qui suscitent aujourd’hui un regain de la recherche de nouveaux indicateurs de richesse.
– La deuxième idée constitue en fait la thèse centrale de l’ouvrage de Jean Gadrey : il est possible de concevoir une société soutenable socialement et écologiquement sans croissance économique et même avec une réduction des volumes produits, tout en développant l’emploi, la valeur ajoutée et surtout les droits au « bien-vivre ».
– La thèse n’est pas une vue abstraite car, troisième idée, elle peut s’incarner dans des projets concrets que Jean Gadrey considère comme autant de « plus » (p. 130-131) et dont il dresse une liste dans une quinzaine de domaines, allant des biens et services publics au logement, la santé, l’alimentation, le commerce de proximité, etc.......