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France Inter
Deux policiers bientôt jugés pour des violences contre des gilets jaunes
Article mis en ligne le 8 novembre 2019

Deux policiers sont renvoyés en correctionnelle sur décision du Procureur de Paris pour "violences volontaires par personne dépositaire de l’autorité publique". Une première qui désespère Yves Lefèvre, du syndicat Unité-SGP Police et désole David Dufresne, à l’origine des messages Twitter "Allô Place Beauvau".

C’était l’une des accusations récurrentes des "gilets jaunes" : les dérapages de la police lors de leurs manifestations. Et alors que de nombreux "gilets jaunes" ont déjà comparu et ont été condamnés pour des violences lors des rassemblements, aucun agent des forces de l’ordre n’avait encore été mis en cause.
Jusqu’à trois et cinq ans de prison encourus par les policiers

Le parquet de Paris a annoncé ce jeudi que 146 enquêtes ont été clôturées par l’Inspection générale de la police nationale et communiquées au parquet de Paris. Sur ces 146 enquêtes, un tiers (54 procédures) ont fait l’objet de classements sans suite, notamment parce que l’infraction était insuffisamment caractérisée. 18 procédures ont fait l’objet de l’ouverture d’une information judiciaire. Il s’agit des cas les plus graves, par exemple les plaintes pour matraquage à l’intérieur d’un Burger King au mois de décembre. (...)

"C’est une première, mais une toute petite première, extrêmement décevante, en-dessous de ce qui avait été annoncé au mois de juin, ", déplore le journaliste David Dufresne, à l’origine des messages Twitter "Allô Place Beauvau" et auteur de "Dernière sommation" chez Grasset.

Le journaliste déplore le décalage de ces deux affaires, avec les blessures graves constatées sur certains manifestants. (...)

Déçu aussi, mais pour une raison totalement différente, Yves Lefèvre regrette une décision incohérente du parquet. "Le jour même où un rapport nous apprend qu’il y a euune progression de 15 % des blessés chez les forces de l’ordre en 2018, nos deux collègues sont renvoyés en correctionnelle. (...)

Mais ces deux affaires, si elles peuvent paraître anecdotiques dans un sens comme dans l’autre, pourraient ouvrir la voie à d’autres procès de policiers. "Si effectivement les violences furent illégitimes, si il y a eu dérapage, force est de constater qu’il faut se pencher sur la question", concède Yves Levèfre.

Selon un communiqué du procureur de Paris Rémi Heitz, 212 enquêtes au total ont été confiées à l’Inspection générale de la police nationale (IGPN). Dans près de 70 % des cas, les investigations ont été achevées et les conclusions transmises au parquet de Paris pour qu’il décide des suites de la procédure.

"Il y a des affaires plus importantes en cours d’instruction", confirme David Dufresne, "car il faut du temps pour organiser l’enquête à charge et à décharge, permettre à la défense de s’organiser". Mais lui ne se fait pas d’illusions. "Ce sont probablement les cas les plus flagrants et indéfendables qui seront obligés de passer devant la justice tôt ou tard. Mais il y a tous les autres. (...)

Le journaliste rappelle enfin l’impression de justice "à deux vitesses" souvent remise en cause ces derniers mois par les manifestants. "Dans le cas des policiers, le temps est toujours très long, et dans le cas des manifestants, c’est la comparution immédiate. Il y a eu des milliers de gens condamnés, des centaines de gens incarcérés. Côté policier, on n’a rien de tout ça. Il y a vraiment un déséquilibre dans les deux vitesses de la justice."