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Des regards qui pèsent lourd sur les femmes
#femmes #inegalites #patriarcat #ecrans
Article mis en ligne le 23 mars 2023

Les espaces numériques n’étant pas des paradis en dehors de la société, ils reproduisent et jouent même un rôle d’amplificateur des violences et injonctions faites aux femmes. Sur nos écrans défilent d’ailleurs de nombreuses images qui témoignent des inégalités entre femmes et hommes.

Dans notre société, « les relations sociales sont médiatisées par les images qui ont joué un rôle central dans la construction de la vie sociale et dans la construction des significations », souligne la sociologue italienne Patrizia Faccioli [1]. Cela pose évidemment des questions : par exemple, sur nos écrans, qui regarde – activement, et qui est regardée – passivement ? Le féminin est de mise dans cette dernière question car ce sont les femmes qui sont essentiellement jugées selon leur apparence physique. La philosophe américaine Susan Bordo en explique les raisons dans l’introduction de son livre Unbearable weight (Un poids insupportable), qui évoque le dualisme corps-esprit qui imprègne toute la philosophie occidentale depuis l’Antiquité [2] : le corps est représenté comme séparé de l’esprit, et comme lui étant inférieur. Le corps est considéré comme étant passif, une sorte de machine qui se contente de répondre à des stimulations mentales.

Ce dualisme est sexué : les hommes sont associés à l’esprit, les femmes au corps. D’un côté, il y a les hommes, l’esprit, la culture, l’actif, la raison ; de l’autre, on retrouve les femmes, le corps, la nature, la passivité, les émotions et les sensations. De ce dualisme découlent des rapports de pouvoir. (...)

Quand on a pensé – et regardé – de cette façon pendant des siècles, il n’est pas étonnant d’en constater les conséquences. La société de l’image n’affecte pas les femmes et les hommes de la même façon.

Un regard inégalitaire… (...)

« Mon postulat est fort et sans appel. Je pense que si les femmes sont leur corps, les hommes peuvent vivre en oubliant, voire en déniant, le fait qu’ils en ont un. Cela ne veut pas dire que leur corps n’est pas source de préoccupation, mais qu’avoir un corps sexué pour les hommes ne produit aucune des discriminations et des violences que les femmes subissent chaque jour », réagit la philosophe Camille Froidevaux-Metterie [5], autrice du livre Un corps à soi. (...)

L’objectivation sexuelle des femmes est largement diffusée au travers de nos écrans. Le chercheur Philippe Bernard a découvert un lien entre objectivation sexuelle et culpabilisation des victimes de harcèlement sexuel (...)

Sur la planète Instagram
Dans la galaxie des réseaux sociaux, c’est la planète Instagram qui illustre le mieux ces effets délétères pour les femmes et les filles. (...)

Le pouvoir des écrans, c’est le pouvoir d’établir et de véhiculer ces regards inégalitaires. C’est aussi le pouvoir de modifier nos représentations et de montrer que d’autres rapports sont possibles entre les êtres humains. Il serait grand temps pour un changement de regard, non ?