
Nous, enseignantes et enseignants des lycées professionnels de Seine-Saint-Denis, refusons la réforme du lycée professionnel.
Le lycée pro représente un tiers des lycéen·ne·s, or on le vandalise en silence.
Jean-Michel Blanquer nous impose, ainsi qu’à nos élèves, une réforme qui marquerait une rupture fondamentale d’un point de vue pédagogique, social, économique et idéologique.
Uber-pédagogie
Nous sommes vu·e·s comme des prestataires de service devant fournir des cours à la carte à des publics dont les rythmes, objectifs et contraintes sont différents. Les classes dites « mixtes » verront des adultes en formation continue, des apprentis et des élèves sous statut scolaire dans la même classe. Nous refusons l’ubérisation de notre métier : cours à la carte, recrutement par les chefs d’établissements, mise en concurrence des lycées et des personnels.
Le bac pro en 3 ans sous prétexte de garantir l’égalité des trois voies supprimait un an d’étude à nos élèves. Cette nouvelle réforme, sous couvert « d’excellence », consacre l’instauration d’un sous-bac, loin de pouvoir garantir la poursuite d’étude (...)
Austérité – Inégalité – Précarité
M. Blanquer veut mettre un tiers des élèves de lycée sur la touche. Déjà largement exclus de l’enseignement supérieur par les algorithmes de Parcoursup, les portes leur en seront définitivement fermées par l’indigence du contenu de la formation proposée.
On demande à des élèves de 14 ans de choisir une orientation qui, contrairement à ce qu’on leur promet, ne leur garantit pas un emploi et les destine à des statuts précaires, des bas salaires et de mauvaises conditions de travail. (...)
Magic system
Non, Monsieur Blanquer, nous ne sommes pas des magiciennes, ni des magiciens. Nous ne ferons croire à personne qu’avec moins de cours nous ferons mieux. En vérité, vous sacrifiez ici la maîtrise de la langue, l’ouverture sur le monde et ses contradictions ainsi que l’esprit critique et contestataire. Nous persistons à penser qu’ils sont indispensables à tout progrès intellectuel et social.
Nous prétendons que nos élèves ont le droit d’avoir une formation initiale solide et ouverte sur un monde complexe à appréhender. (...)
Non à l’école de la défiance
Dans le 1er degré comme dans la voie générale et technologique, nos collègues et les parents se mobilisent depuis des mois contre des réformes qui font partie d’un même projet de sélection sociale. Ils et elles ne rencontrent que mépris de la part du ministre. Dans le lycée professionnel, M. Blanquer est déterminé à passer en force, sans prendre le temps de réfléchir ni entendre celles et ceux qui y travaillent depuis des années.
Face à cette situation d’urgence nous devons agir. Si le ministre s’entête, nous n’aurons d’autres options que de refuser, par la grève, la correction des examens. (...)
Nous exigeons le retrait sans délai de la réforme et un plan d’urgence pour le lycée professionnel.