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Des paysans cambodgiens attaquent le groupe Bolloré en justice
Article mis en ligne le 6 octobre 2019

Des indigènes bunong du Cambodge accusent le groupe Bolloré et certaines de ses filiales de leur avoir spolié des terres. Une audience avait lieu ce 1er octobre au tribunal de grande instance de Nanterre, en vue d’un éventuel procès.

C’est une audience plutôt inhabituelle qui s’est tenue au tribunal de grande instance de Nanterre ce 1er octobre. Serrés dans une petite salle peu adaptée à une telle affluence, neuf indigènes bunong et leurs soutiens et interprètes sont arrivés la veille du Cambodge. Ils assistent à une joute verbale entre leur avocat, Fiodor Rilov, et les représentants du groupe Bolloré, de sa filiale la Compagnie du Cambodge et de la Socfin, dont Bolloré détient 37%. Ces Bunong accusent le groupe Bolloré et la Socfin d’avoir orchestré depuis la France, à la fin des années 2000, la spoliation de leurs terres et de forêts ancestrales pour y installer une plantation d’hévéas.

Les accusations d’accaparement des terres au Cambodge – ainsi que dans plusieurs pays africains – ciblant Bolloré et la Socfin ne sont pas nouvelles. Les associations et les journalistes qui portent ou évoquent ces accusations sont davantage habitués aux poursuites en diffamation intentées par le groupe Bolloré dès que le sujet est abordé publiquement (Bastamag a été poursuivi à deux reprises en diffamation par le groupe Bolloré qui, à chaque fois, a été débouté, avant de finalement retirer sa seconde plainte). Même l’Association de la presse judiciaire s’y est trompée, en annonçant un procès de Bolloré contre les Bunong. Mais c’est bien l’inverse dont il s’agit : une plainte a été déposée en 2015 par des indigènes Bunong, aujourd’hui au nombre de 80. Et ils pourraient bien, selon leur avocat, être bientôt rejoints par des Camerounais riverains de la Socapalm, une autre filiale de la Socfin gérant des plantations d’huile de palme.
Bataille de procédure avant, peut-être, un procès sur le fond (...)

Les relations entre le groupe Bolloré, la Socfin et les diverses filiales emboîtées entre elles et impliquées dans la gestion des plantations en Afrique et en Asie sont complexes. Le groupe Bolloré est également mis en cause pour la gestion des palmeraies de la Socapalm au Cameroun, et a été assigné en justice par plusieurs associations et syndicats pour qu’il respecte « les engagements qu’il a souscrits en 2013 auprès des travailleurs et des riverains de la Socapalm ». Quant aux paysans buong, la décision devrait être rendue le 8 novembre et pourrait ouvrir la voie à un procès sur le fond.