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Des foyers de travailleurs migrants abandonnés à leur triste sort pendant le confinement
Article mis en ligne le 14 mai 2020

Parqués dans des chambrettes insalubres et en sur-occupation, les résidents de plusieurs foyers de travailleurs migrants dénoncent l’indifférence des gestionnaires malgré l’épidémie.

Au foyer de travailleurs migrants Romain-Rolland de Saint-Denis, au moins une dizaine de résidents avaient été contaminés mi-avril. Cinq personnes âgées seraient mortes du Covid-19, selon un communiqué des résidents. Les autres doivent financer eux-mêmes leurs masques et le gel hydroalcoolique.

Pour la plupart construits entre les années 1950 et 1970 afin d’accueillir les travailleurs des anciennes colonies, les foyers de travailleurs migrants ont connu peu de rénovation depuis. Dans les foyers gérés par la société Adoma, ce sont à chaque fois plus de 300 résidents qui s’entassent dans des chambrettes de 7 à 9 m2, et qui doivent partager les cuisines et les sanitaires. Ceux-ci peuvent avoir été fermés pendant le confinement afin d’éviter une trop grande proximité en période de Covid-19.

Dans l’indifférence des gestionnaires, les résidents sont livrés à eux-mêmes. Un Collectif pour l’avenir des foyers, en collaboration avec les délégués et représentants des résidents, ne cesse de dénoncer les conditions de vie dégradantes. Pendant le confinement, le collectif a multiplié les lettres ouvertes et les communiqués pour alerter les gestionnaires et les pouvoirs publics sur les dangers de l’insalubrité, et d’une potentielle propagation du virus parmi les résidents. Après plus d’un mois, aucune réponse n’a été apportée. (...)

Adoma gère 133 foyers de travailleurs migrants sur tout le territoire, et loge environ 88 000 personnes. Détenu par la Caisse des dépôts et de consignation (CDC) et par l’État, Adoma est l’un des principaux acteurs du secteur. (...)

Au foyer Siqueiro, les résidents ont pu être testés grâce à la mobilisation de l’Agence régionale de la santé. Malgré ces mesures médicales, les contraintes s’accumulent. Dans ce foyer, 90 % des résidents ont perdu leur travail à cause du confinement, la plupart survivent grâce aux associations locales qui viennent distribuer des repas. « Depuis le début du confinement, aucun gestionnaire n’est venu nous voir. Des cuisines et des sanitaires ont été fermés sur plusieurs étages, et nous devons vivre avec les cafards et les punaises de lit », rapporte Bahadémou Coulibaly.

Au foyer La Noue à Montreuil, les résidents sont forcés de partager leurs conditions de vie délabrées avec des squatteurs, qui occupent illégalement les lieux. (...)

Au foyer Siqueiro, les résidents ont pu être testés grâce à la mobilisation de l’Agence régionale de la santé. Malgré ces mesures médicales, les contraintes s’accumulent. Dans ce foyer, 90 % des résidents ont perdu leur travail à cause du confinement, la plupart survivent grâce aux associations locales qui viennent distribuer des repas. « Depuis le début du confinement, aucun gestionnaire n’est venu nous voir. Des cuisines et des sanitaires ont été fermés sur plusieurs étages, et nous devons vivre avec les cafards et les punaises de lit », rapporte Bahadémou Coulibaly.

Au foyer La Noue à Montreuil, les résidents sont forcés de partager leurs conditions de vie délabrées avec des squatteurs, qui occupent illégalement les lieux. (...)

Même dans des foyers insalubres, même en période Covid-19, les résidents doivent s’acquitter de leur loyer sous peine d’expulsion. Pour une chambrette de moins de 10 m2, il faut compter 300 à 400 euros par mois. Une somme qui augmente chaque année. (...)

« Les gestionnaires sont méprisants vis à vis des travailleurs immigrés. Ils appliquent des politiques discriminatoires et paternalistes, et profitent du fait que les travailleurs migrants ne bénéficient pas des droits communs des locataires pour se déresponsabiliser totalement », critique Geneviève Petauton, animatrice du Collectif pour l’avenir des foyers (Copaf).

En France, il existe un peu plus de 300 foyers de travailleurs migrants gérés par différentes sociétés, telles que Coallia, Adef, et Hénéo. Sans l’intervention d’associations, par exemple pour la mise en place de consultations médicales - comme l’a fait Médecins sans frontières au foyer La Noue - la situation des résidents pourrait rapidement tourner à la catastrophe sanitaire en période de pandémie.