
L’idée peut faire ricaner tellement elle est paradoxale. Pourtant, c’est le projet de Housing First (« le logement d’abord »), qui commence par reloger les gens à la rue pour qu’ils puissent se réinsérer plus facilement par la suite.
Après tout, pourquoi attendre qu’ils aient réglé le problème qui les a amené dans cette très grande précarité ? C’est justement la sécurité d’un chez-soi qui va permettre de rebondir et faire face à ses problèmes. Et puis, faut-il rappeler que le logement est un droit inaliénable reconnu par l’ONU ?
Pourtant cette stratégie continue de surprendre alors qu’elle se comprend aisément : devenu locataire, l’ancien SDF doit payer un loyer (réduit mais accompagné de frais de fonctionnement) ; il va donc chercher un travail pour le régler, ce qui nécessite de se prendre en charge. Et c’est sur chacun de ces points que l’État finlandais intervient.
Sans abris, mais pas sans maison
Lancé en 2008, le plan Housing First a nécessité la construction de près de 30 000 logements sociaux chaque année. Des chantiers subventionnés par le gouvernement qui représentent aujourd’hui 6 logements pour 1000 habitants. Progressivement, ces nouveaux immeubles ont remplacé les hébergements temporaires.
En parallèle, le gouvernement a offert des prêts à taux réduits à la Fondation Y, une ONG chargée de racheter et rénover des appartements pour cette mission de relogement. « Un abri permet de se protéger d’une tempête, mais un logement permet de mener une vie décente. » clame à Euronews Juha Kaakinen, le directeur de l’ONG. Celle-ci a tellement travaillé, qu’en l’espace d’une décennie, elle est devenue le 4e propriétaire foncier du pays. (...)
Enfin, des travailleurs sociaux travaillent au rez-de-chaussée des résidences créées et accompagnent les nouveaux résidents au quotidien. Pour les aider à trouver des formations, jobs, et même réaliser les démarches de sevrage ou de soin si nécessaires, ainsi que pour obtenir les aides auxquelles ces personnes ont droit. La première d’entre elle leur permettant d’absorber une part du loyer, pendant les premiers mois.
Le seul pays où les rues se vident de SDF (...)
Presque moitié moins en 4 ans malgré la crise actuelle, c’est un cas unique en Europe.