
753 personnes dont une centaine de jeunes de moins de 18 ans ont été mis en examen depuis le début de la forte contestation contre la loi Travail fin mars. L’institution judiciaire se distingue pour sa rapidité, alors que d’autres affaires, notamment celle du manifestant rennais ayant perdu un œil du fait d’un tir de flash ball policier, traînent.
Et les condamnations sont lourdes, y compris pour des personnes au casier judiciaire vierge. Des avocats s’étonnent et dénoncent un traitement « discriminatoire ». (...)
Pas moins de 753 personnes ont été poursuivies entre fin mars et le 13 juin, d’après le ministère de la Justice. 135 manifestants ont été relaxés. 103 mineurs ont été inquiétés. Au total, les deux tiers des poursuites judiciaires concernent des violences sur les forces de l’ordre. Seules 79 procédures ont été ouvertes pour des dégradations. Le reste des affaires (133) concerne la « participation à un attroupement armé », selon les chiffres fournis par la Direction des affaires criminelles et des grâces.
Pour ces différentes infractions, le procès est devenu la règle dans bien des cas. (...)
Une Justice soudainement ultra rapide
Une circulaire du ministère de la Justice, en date du 20 mai (voir ci-dessous), demande « une très grande réactivité de la part des parquets ». A Rennes, la justice peut difficilement se montrer plus réactive. Maître Pacheu y représente une dizaine de manifestants interpellés depuis fin mars. Et les délais sont très courts pour organiser leur défense. (...)
« Alors qu’on nous dit que le Tribunal est surchargé », s’étonne Maître Pacheu. « On peut attendre plus d’une année pour qu’une affaire d’agression sexuelle soit jugée ! » Sur 86 procédures judiciaires à Rennes, 34 personnes majeures ont déjà été condamnées, dont 7 à des peines de prison ferme. 26 mineurs font l’objet de poursuites, soit près d’un manifestant mis en examen sur trois. Au total, depuis mi-mars et les premières interpellations liées aux manifestations, il y a eu deux relaxes.
Cette activité soutenue, exceptionnelle sur une période longue de trois mois, interroge certains magistrats. (...)