
Le revenu d’existence est présenté comme une solution pour éradiquer la pauvreté. Mais comme son caractère inconditionnel fait débat, sa mise en œuvre ne sera probablement pas immédiate. Le Salaire minimum socialisé (SMS) permet d’obtenir le plein emploi en s’inspirant de l’universalité du revenu d’existence tout en conditionnant celui-ci à l’exercice d’un emploi.
(...) Tout le monde ou presque s’accorde pour dire que le RSA est insuffisant pour vivre dignement (son niveau est actuellement inférieur au seuil de pauvreté) mais une frange significative de l’électorat dénonce régulièrement l’assistanat qui en découle et il n’est pas certain qu’une majorité se dégage pour une hausse du RSA à un niveau tel qu’il sortirait ses ayant-droits de la pauvreté. Il risque fort d’en être de même pour le revenu d’existence.
Dès lors, il serait vraiment imprudent de considérer que la mise en place du revenu d’existence soit une solution à la pauvreté. (...)
Le Salaire minimum socialisé (SMS), une voie possible vers le revenu d’existence
Nous allons donc poser qu’un revenu universel sera accordé sous condition d’être en emploi. C’est ce que propose le Salaire minimum socialisé (SMS). Il s’agit d’un régime obligatoire auquel toutes les entreprises devront adhérer. Chaque entreprise (société, coopérative, association, indépendant) recevra autant de fois le montant du Smic qu’il y a de personnes dans l’entreprise, sachant que ceci sera intégralement reversé aux salariés du fait de l’obligation de respecter le Smic. En contrepartie, chaque entreprise paiera au régime un pourcentage donné de ses flux de trésorerie (encaissements de ventes moins décaissements d’achats), ce qui équilibrera le régime. D’après ce calcul, il faudrait mobiliser 54 % des flux de trésorerie pour garantir à chaque entreprise, un Smic pour chaque personne en emploi.
Ce système assurera une véritable garantie d’emploi avec un réel choix de celui-ci (...)
Ce système ne procure certes pas de revenus inconditionnels mais il procure le plein emploi qui est un droit essentiel, revenu d’existence ou pas. Il réalise une déconnexion du revenu de la valeur marchande produite par chaque individu (...)
Le SMS est une proposition ouverte : il est possible que des personnes estiment excessif de garantir 100 % du Smic et qu’une mutualisation moindre serait suffisante pour obtenir le plein emploi. C’est au débat politique et à la population de le déterminer. De même, l’inconditionnalité de tout ou partie de ce qui a été mutualisé doit rester une question ouverte, ce qui, si une majorité le souhaite, aboutira à instaurer un revenu d’existence.
Aucun partisan conséquent du revenu d’existence ne devrait donc s’opposer au SMS car il est un chemin possible vers celui-ci par la construction de la confiance de la société vis-à-vis d’elle-même.