
La densification des villes est une réponse naturelle au véritable fléau qu’est l’étalement urbain. Cet objectif de densification repose sur le constat que plus les villes sont denses, moins elles sont énergivores par habitant. Mais ce constat n’autorise pas à penser que la densification est la seule réponse à toutes les difficultés que connaissent actuellement nos villes, d’autant plus que ce sont les aires urbaines déjà surpeuplées et déshumanisées qui sont concernées.
Cette densification n’est-elle pas un prétexte à tous ces projets de tours qui fleurissent sur les nœuds des réseaux de transport ? Il ne sert à rien de densifier si les urbains sont obligés de parcourir de longues distances pour aller travailler et faire leurs courses. La densification devrait avant tout viser aux rapprochements des fonctions d’habitat, de travail, de loisir, d’éducation et d’approvisionnement afin de limiter les déplacements. Faut-il pour cela construire toujours plus, et plus haut ? (...)
Une tour, en réalité, c’est une impasse… verticale. Ça ne va nulle part, sauf à vouloir se jeter du haut. Un truc désespéré. Les promoteurs, les multinationales, les urbanistes et les architectes sont prêts à se laisser convaincre par des arguments fallacieux pour justifier leur mégalomanie dépassée. Pourtant, une tour végétalisée, bardée de panneaux photovoltaïques et surmontée d’éoliennes, c’est quand même bien, non ?! C’est pire. C’est comme un 4×4 électrique peint en vert. (...)
Mais au-delà de la polémique sur les tours, ne devons-nous pas réinterroger cet objectif de densification ? N’est-il pas incompatible avec la nécessaire transition de nos territoires urbains ? La recherche d’une plus grande autonomie alimentaire des villes par le développement d’une agriculture urbaine, de la production à l’échange ne pourra fonctionner qu’avec une densité modéré (...)
A cet objectif de densité, signe d’une compétition entre territoires, nous préférons la (re)localisation, et la reconquête par les citadins des espaces publics, démarchandisés pour accueillir les activités et les échanges entre des habitants ayant retrouvés leur autonomie de production : lieux festifs, espaces de gratuité, foires permanentes d’échange d’objets et de savoirs entre habitants.
Car la (re)localisation doit être pensée avant la densification. C’est par la localisation que les différents territoires trouveront cette autonomie, nécessaire pour diminuer les transports intempestifs : agriculture et manufactures en tous genres, en prélevant la matière première dans le recyclage de leurs propres déchets.
Après, seulement, si elle s’avère nécessaire aux territoires en accroissement démographique, on peut alors imaginer leur densification. Et celle-ci pourra être obtenue en construisant le moins possible, par la reconversion des futures friches urbaines que constituent en quantité phénoménale les parkings, les garages, les centres commerciaux. S’il faut densifier sans construire, c’est aussi par la diminution de la taille des logements, permise par la reconquête de l’espace public et la mutualisation de fonctions telles que buanderies, ateliers de bricolage, lieux de réception, etc. créant ainsi, par la même occasion, les conditions d’une croissance des liens entre voisins d’un même quartier. (...)