
Le plus grand squat d’Ile-de-France, appelé "Unibéton", a été démantelé mercredi matin par les forces de l’ordre. Environ 400 personnes, principalement originaires du Tchad et du Soudan, ont été expulsées du lieu, occupé depuis avril 2020. La zone doit à terme accueillir le village olympique pour les Jeux de Paris 2024. (...)
(...) Pour la préfecture de Seine-Saint-Denis, contactée par InfoMigrants, cette évacuation fait surtout "suite à une décision de justice du 30 octobre 2020". Même si pendant trois ans, les exilés n’ont jamais été inquiétés par la police.
La préfecture assure que le site "impropre à l’habitation, présentait des risques pour les occupants" : en mars dernier, un Soudanais de 28 ans avait été transporté aux urgences après une chute de sept mètres. "Ces constats ont participé à la décision d’évacuation [...] afin de mettre en sécurité les lieux et les personnes s’y trouvant", précisent les services de l’État. (...)
L’ancien bâtiment désaffecté, qui abritait dans les années 90 le siège social de l’entreprise Unibéton, hébergeait au moins 500 personnes, majoritairement originaires du Tchad et du Soudan.
L’opération d’évacuation s’est déroulée dans le calme selon des associations jointes par InfoMigrants, présentes sur les lieux mercredi matin.
"Des centaines de sans-papiers ont quitté les lieux" la veille de l’évacuation
Pendant plus de quatre heures, environ 400 migrants ont été pris en charge par les autorités, indique la préfecture de Seine-Saint-Denis.
Les exilés ont été divisés en deux groupes : les personnes possédant un justificatif de travail ont été orientées dans des centres ou des gymnases d’Ile-de-France, les autres vers un centre à Toulouse, dans le sud de la France. (...)
"Par peur de la police, une centaine de sans-papiers ont quitté les lieux mardi soir à l’annonce de l’évacuation", explique à InfoMigrants Paul Alauzy, responsable des maraudes à Médecins du Monde (MdM).
La veille, des militants ont aussi opéré des rotations avec des camions pour mettre à l’abri les effets personnels des habitants, avant le démantèlement.
Ouvert depuis 3 ans, les migrants avaient élu domicile dans le bâtiment pour éviter de dormir sous les ponts de la capitale. Certains sont sans-papiers, d’autres travaillent légalement et d’autres encore possèdent le statut de réfugié. (...)
Retour à la rue
Cette évacuation était attendue. Le 14 avril, un rassemblement avait été organisé devant la préfecture de Bobigny (Seine-Saint-Denis) pour protester contre ce démantèlement.
"Du jour au lendemain, on vire ces personnes. C’est dur à vivre pour eux", note Paul Alauzy. "Le lieu était surpeuplé, la structure vétuste mais ça restait une meilleure alternative sur le plan sanitaire et pour leur dignité que la vie dans la rue". (...)
Les humanitaires craignent de retrouver les personnes évacuées sur les trottoirs parisiens dans les prochains jours.
En fin de matinée ce mercredi, plusieurs migrants avaient déjà quitté les hébergements d’urgence. "Ils partent d’eux-mêmes car ils savent qu’il n’y aura pas de places pour eux [dans des structures pérennes]. Les sans-papiers se voient toujours refuser d’y rester en raison de leur situation administrative", signale Faris, devenu le référent du squat.
Retour à la rue, donc, pour ces personnes en situation irrégulière en France qui devront désormais trouver des abris la nuit, loin des radars de la police.