
L’« individualisme » a généralement mauvaise presse. Dans l’esprit commun il est synonyme d’égoïsme, terme qui définit, pour un individu, la posture consistant à ne pas tenir compte du sort ou du devenir des autres et à ne considérer, dans toutes ses actions, que le bénéfice qu’il peut en retirer pour lui même. Il peut également être assimilé à l’égocentrisme, travers qui amène un quidam à ignorer l’existence même des autres et à se considérer comme étant le seul à vivre sur terre.
Pourtant l’individualisme a fait l’objet de nombreuses déclinaisons sociales et morales sous forme de doctrines aussi dissemblables que le personnalisme chrétien et le libertarisme athée. Au plan politique, il peut être associé aussi bien au capitalisme qu’à l’anarchisme
Si, comme nous le voyons, l’individualisme est partout, il n’a encore jamais fait l’objet d’une doctrine politique à part entière, se réclamant ouvertement et complètement de lui. L’individualisme des anarchistes, par exemple, ne se définit que par rapport au rejet de l’état et de toute forme d’autorité supérieure. Celui des libéraux, ne se justifie que dans le cadre d’une liberté totale de l’entreprise commerciale encadrée par un état réduit au rôle de gendarme.
L’idée d’un mode de vie qui place délibérément l’individu au centre des préoccupations mais qui ne rejette pas l’existence d’une organisation sociale utile à tous, n’a pas encore fleuri. (...)
Ce projet politique complet serait celui d’une société alliant liberté et frugalité, rejetant les dérives tant capitalistes, que bureaucratiques ou collectivistes et optimisant les expériences du passé pour construire l’avenir. Et surtout, enfin et pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, miserait sur la réalité d’un individu responsable, plutôt que sur l’illusion d’un état vertueux.(...)
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