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Le Monde
Delphinariums : les ONG gagnent une manche devant le Conseil d’Etat
Article mis en ligne le 2 août 2017

La juridiction suprême n’a pas suspendu l’interdiction de reproduction de dauphins et d’orques en captivité, contrairement à la demande des parcs marins de l’Hexagone

Nouveaux remous dans les bassins. Mardi 1er août, le Conseil d’Etat, saisi par trois parcs marins, a suspendu une mesure de l’arrêté interministériel sur les delphinariums, celle qui interdit l’usage du chlore pour traiter l’eau. Il a estimé que la date d’entrée en vigueur de cette obligation, dans un délai de six mois, était trop courte pour réaliser les travaux nécessaires.

La plus haute juridiction administrative n’a en revanche pas ajourné l’interdiction de reproduction des dauphins et des orques en captivité, ce que demandaient en premier lieu les trois établissements hexagonaux : le Marineland d’Antibes (Alpes-Maritimes), le plus grand d’Europe avec un million de visiteurs par an, le parc Astérix (Oise) et Planète sauvage (Loire-Atlantique). (...)

Mobilisation du public

Le texte incriminé est celui publié le 6 mai, à la veille du second tour de l’élection présidentielle, par l’ancienne ministre de l’environnement Ségolène Royal pour améliorer les conditions de détention des cétacés. Au tout dernier moment, elle y avait glissé un changement majeur : l’interdiction de la captivité de dauphins et d’orques à l’exception de ceux actuellement détenus sur le territoire. Ce qui signifie, derrière cette formulation alambiquée, la fin de la reproduction de ces cétacés, de même que les échanges avec d’autres bassins. Et donc, à terme, l’arrêt des delphinariums français.

L’arrêté prévoit de nombreuses autres dispositions afin de moderniser des établissements de plus en plus soumis aux critiques. (...)

La nouvelle réglementation interdit également, sous six mois, les présentations nocturnes, les effets sonores et lumineux et les contacts directs entre le public et les cétacés.

Les parcs, qui accueillent vingt-six grands dauphins et quatre orques, n’ont pas attendu les recours de leurs avocats devant le Conseil d’Etat pour contre-attaquer : ils ont immédiatement mobilisé leur public, en diffusant des pétitions de soutien et des messages à la fin des spectacles, et fait intervenir leurs soigneurs pour défendre leur travail. (...)

« On attend le jugement au fond, qui n’est encore ni gagné ni perdu. »

Les associations, de leur côté, se félicitent de cette « victoire pour les dauphins ». « Cette étape est fondamentale dans la prise en compte, par le droit, des besoins physiologiques et psychologiques des animaux, estiment dans un communiqué commun les ONG C’est assez !, la Fondation droit animal, éthique et sciences et l’Association pour la protection des animaux sauvages. (...)

. La présidente de C’est assez ! rappelle en outre que « depuis deux ans, dix cétacés sont décédés dans des parcs marins français », dont un delphineau au parc Astérix à la fin de juillet.

Son association, qui a aussi lancé une pétition – forte de 53 000 signatures – pour défendre l’arrêté, appelle la France à fermer ses parcs, comme l’avait fait le Royaume-Uni dans les années 1990, et à « rendre leur liberté aux cétacés dans des sanctuaires marins ».