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Challenges
De la Société générale à l’Education nationale : quand les cadres du privé deviennent profs
Article mis en ligne le 29 janvier 2018

Passer d’un emploi dans une grande banque à une classe de collège, avoir été consultant puis devenir prof de maths... Perte de sens, perte d’emploi...certains cadres n’hésitent plus à franchir le pas et se reconvertir dans l’Education nationale. Ils ont été surpris de l’intensité et de la charge du travail de leur nouvelle fonction. (...)

« Je me suis ennuyé dès le début. Mais je ne m’en suis pas rendu compte tout de suite ». Alex a la petite vingtaine quand il débarque sur le marché du travail. Fraîchement diplômé de l’EDHEC, après deux ans de classe prépa, il est embauché à la Société Générale, fonction chef de produit. Salaire moyen, 4000 euros net. Cette vie confortable, il la raconte sans nostalgie. Il y a quatre ans, il a lâché ses présentations PowerPoint et ses tableaux Excel pour devenir prof d’histoire dans un collège des Hauts de Seine. (...)

Entre tension nerveuse et sentiment d’utilité
Direction l’université, où il reprend des études en master 1 et 2 de métiers de l’enseignement. Capes en poche, il est propulsé en collège classée ZEP à Gennevilliers. "Je n’avais pas les codes, tout me paraissait agressif et violent. C’était formateur mais j’ai eu une grosse période de doute." Il découvre à trois jours de la rentrée, qu’il sera en charge des quatrièmes. "Là on se sent nu. La différence avec mon job d’avant, c’est l’enjeu. Quand on est devant 28 élèves, si on n’a pas assez travaillé, c’est la catastrophe." Alors pour la première fois depuis des années, il s’investit. Chaque heure de cours lui demande trois heures de préparation. Il juge sa nouvelle vie de prof plus fatigante que sa première vie de cadre en banque. " Une heure de cours est exténuante, surtout au début. Ce sont 55 minutes de tension nerveuse et d’attention extrême, il y a aussi le bruit des élèves. Il n’y a pas une minute où on peut lâcher, sinon on est foutu."

Autre différence avec sa vie d’avant ? "Il n’y a plus de distinction claire entre le temps de travail et le repos. Il y a toujours un truc qui traîne… commencer un cours, corriger des copies. (...)

Paul commence par un CDD de deux semaines, puis enchaîne 6 mois de remplacement en tant que professeur de mathématiques. Depuis il enchaîne les contrats, selon ses disponibilités. Mais si sa formation de maths sup, maths spé, et son diplôme de Centrale Lyon suffisent largement à l’Education nationale pour l’avoir déclaré apte à enseigner, se retrouver devant une classe, est une autre affaire. "On est en représentation pendant 45 minutes, on en sort excité nerveusement. C’est un métier usant sur le long terme". Il estime travailler 42 heures par semaines, ses 18 heures de cours compris. "Le réel avantage, c’est qu’on peut organiser sa vie différemment par rapport aux journées à rallonge du privé. On a plus de souplesse. J’ai deux enfants en bas âge, je peux les emmener le matin à l’école."

Paul ne sait pas s’il va rester comme contractuel dans l’Education nationale. Il continue, en parallèle de ses cours, à chercher dans son secteur d’origine. S’il trouvait de nouvelles missions, il aimerait faire des allers-retours entre son métier de consultant et celui de prof. Car c’est aussi dans cette longue expérience dans le privé qu’il puise sa méthode d’enseignement (...)