
« Nous sommes prêts », a répété le ministre de l’Éducation nationale Jean-Michel Blanquer dès l’annonce de la fermeture des établissements scolaires, vantant la « continuité pédagogique » permise par l’enseignement à distance. Une fois de plus, le ministre est en total décalage avec la réalité du terrain, même si les choses s’améliorent grâce au travail des enseignants.
Les images d’élèves se filmant en liesse à l’annonce de la fermeture des écoles ont fait le tour de certains médias pour finalement ne rien montrer de la réalité. Celle d’un virus qui va faire décrocher bon nombre de jeunes mais aussi ajouter quantité de travail supplémentaire aux équipes enseignantes dans tout le pays.
« La communication de Jean-Michel Blanquer masque la réalité », table d’entrée Luc [1], professeur de mathématiques et de sciences-physiques en lycée professionnel dans le Calvados. « On a souri quand il a dit que tout était prêt car il méconnait tellement le terrain », poursuit celui qui est aussi syndiqué à Sud-Solidaires. À la décharge du ministre, l’ampleur de la tâche était immense, avec près de 13 millions d’élèves ne devant plus se rendre en cours mais continuer leur année à distance, notamment via les environnements numériques de travail (ENT). Plus que les difficultés nombreuses qui ont suivi son discours du 12 mars et l’annonce en grande pompe du programme « Ma classe à la maison » du CNED (Centre national d’enseignement à distance), c’est le manque de franchise du ministre face à la réalité du terrain qui a heurté de nombreux agents de l’Éducation nationale. Ce nouveau couac vient ajouter une brique au mur qui semble séparer le corps enseignant de son ministre... (...)
Si Jean-Michel Blanquer affirme sur France Inter le 13 mars qu’une « continuité pédagogique qui implique toute la communauté éducative est organisée selon une modalité à distance », dans les faits les choses sont moins évidentes.
« Certains de mes élèves n’ont aucune formation informatique. Ils ne savent pas ouvrir un fichier pdf »
Au bout de la première semaine, les milieux urbains et favorisés semblent tenir le choc d’un tel bouleversement scolaire. Ce sont bien les élèves issus de milieux défavorisés en difficulté scolaire ou en zone blanche qui rencontrent le plus d’obstacles. « Notre but, c’est évidemment qu’aucun élève ne reste sur le bord du chemin », a pourtant assuré le ministre... (...)
« Le message du ministre nous a exposés à des parents parfois à la limite de l’agression » (...)
La plateforme de travail en ligne a enregistré un nombre important et inédit de connexions durant la semaine passée. Et c’est à nouveau Jean-Michel Blanquer qui sème le trouble, en annonçant dans la presse que tout était prêt. « Le message du ministre nous a exposés à des parents parfois à la limite de l’agression, qui traduisaient certes une inquiétude, mais aussi une incompréhension et un doute sur notre capacité en tant qu’établissement à faire fonctionner les choses », continue d’expliquer Catherine.
C’est seulement le 18 mars, sur France Info, que le ministre admet à demi-mots qu’il y a « des trous dans la raquette » à ce sujet, mais déclare aussi que « les choses s’amélioreraient de jour en jour ». Ce que, tout de même, beaucoup des témoignages recueillis confirment.
« Ce qui arrive en ce moment montre à tous l’importance des services publics ! » (...)
Les écoles ouvertes pour les enfants de soignants « démunies de matériel de protection » (...)
Depuis lundi 23 mars, un collège de Caen accueille une dizaine d’élèves sans protection.
Arte et la BNF proposent aussi des contenus éducatifs
Sans attendre le label « Nation apprenante » conclu entre l’Éducation nationale et les partenaires de l’audiovisuel public ou de « L’école à la maison » lancé ce lundi sur France Télévision, de nombreuses alternatives éducatives sont apparues sur la toile. (...)
Malgré la grande interrogation quant à la durée de la crise du coronavirus, le 20 mars, le ministre Blanquer citait une enquête de satisfaction qui plébiscitait « Ma classe à la maison » à plus de 80 %. Tout semble donc aller pour le mieux selon le ministre. Dimanche, il annonçait un possible retour en classe le 4 mai. Et, dans les colonnes du Parisien, il disait aussi que les enseignants allaient devoir passer un coup de fil à chacun de leurs élèves, une fois par semaine.