
En face de l’Angleterre et de l’un des grands défis du XXIe siècle, Calais subit l’afflux des hommes qui fuient la guerre et la misère.
Combien sont-ils à remonter le chemin des Dunes, à sortir du ventre affamé de la New Jungle pour chercher un repas à l’ancien centre aéré Jules-Ferry Deux mille, trois mille. Avec le sable mangeant le bitume, les ornières ocre, la foule résignée, sa cohorte de blessés traînant la patte, on se croirait sur le chemin de réfugiés dans un pays en guerre, le Sud-Soudan, le Nord-Kivu…
Nous sommes à Calais, France ou Grande-Bretagne. On ne sait plus tant les décevants politiques tardent à saisir l’ampleur du défi contemporain qui s’étale sous nos yeux et ceux des riverains désemparés. Faut-il attendre la construction d’un camp de l’Agence des Nations-Unies pour les réfugiés ? Du début de l’année à la mi-août, 340 000 migrants sont entrés dans l’Union européenne (283 000 en 2014), dit l’agence Frontex, 107 500 pour l’unique mois de juillet, trois fois plus qu’il y a un an.
Au-delà des chiffres, tout au fond de la zone industrielle des dunes, en contrebas de la voie qui conduit au port et sous le regard de deux policiers, les migrants s’entassent dans les baraques de fortune au milieu des argousiers et des ordures. Dans les jungles précédentes, on ne voyait pas autant de femmes, d’enfants…
L’État a installé un éclairage vital dans la jungle. Des ONG ont construit des toilettes sèches, 200 cabanes a priori étanches. Médecins du Monde dispense les soins en 2 tentes et 3 bungalows. D’autres fournissent des couvertures, des brosses à dents… Mais personne ne semble avoir pensé aux sacs poubelles, à organiser le ramassage, pourquoi pas par les migrants eux-mêmes ? Quand les immondices auront recouvert les dunes, quand l’insalubrité et les maladies auront vaincu, les pouvoirs publics raseront l’endroit. Et tout recommencera ailleurs. Tant que Calais restera à une trentaine de kilomètres des côtes britanniques.
340 000 migrants sont entrés dans l’Union européenne, 107 500 pour l’unique mois de juillet, trois fois plus qu’il y a un an. (...)