
Les employés du Concorde Opéra à Paris ont organisé la libération d’une femme asservie par une famille de Dubaï. La direction se retourne contre eux.
Elle est née dans la province du Gojjam, en Ethiopie. Z. a aujourd’hui 24 ans. Après la mort de sa mère, son oncle l’accueille à Addis-Abeba, la capitale. Il l’incite à s’inscrire dans une agence de travail. En janvier 2011, Z. est embauchée comme employée de maison par une famille des Emirats arabes unis. Basée à Dubaï, elle espère subvenir aux besoins de sa famille. Mais pendant dix-huit mois, elle ne touche aucun salaire. Son passeport est confisqué. Quotidiennement, elle subit des violences : coups de pied, gifles, insultes… Son calvaire a pris fin le 13 juillet à Paris.
La jeune Ethiopienne est alors en France depuis deux semaines. Elle loge à l’hôtel Concorde Opéra, un établissement quatre étoiles. L’épouse de son employeur et ses huit enfants, y ont réservé plusieurs chambres pour leurs vacances dans la capitale. Z. entrevoit enfin une possibilité d’échapper à sa condition d’esclave moderne, quand elle parvient à se confier à une femme de chambre de nationalité éthiopienne comme elle. Plusieurs syndicalistes de l’hôtel décident alors d’alerter le Comité contre l’esclavage moderne et l’association Femmes solidaires. (...)
Z. est désormais prise en charge par les associations. Faute d’une plainte déposée à temps, ses employeurs ont pu regagner Dubaï, le lendemain, le jour prévu de leur vol, comme si de rien n’était. Mais loin de féliciter ses employés pour avoir fait délivrer la jeune femme, la direction de l’hôtel va se retourner contre eux. Le directeur du Concorde Opéra, Claude Rath, reproche aux quatre salariés en pointe dans cette affaire de ne pas l’avoir prévenu de la situation. Il a été mis au courant quand la police l’a appelé le 13 juillet avant de débarquer dans l’établissement. Ce qui leur a valu « une lettre de mise en garde », reçue par chacun à la mi-août. (...)