
La salle est comble, bondée : 700 personnes ont envahi les lieux pour écouter Daniel Pennac, et dehors, plus d’un tiers restera à la porte. Le romancier français, véritable star en Italie, était au salon de Turin pour la présentation de son dernier roman Il caso Malaussène. Mi hanno mentito (traduction Yasmina Melaouah). Et la salle a fait honneur à l’écrivain, plus qu’attendu.
(...) « La question qu’il faut se poser est celle de la nature du réel. Quelle est la relation que l’on entretient avec la réalité ? Simplement parce que personne n’est d’accord avec la nature de la réalité. »
Lui revient alors une émission où l’on livrait une définition du réel, selon Lacan. « Ça faisait des mois que je me tuais à en donner une définition. Et je l’entends : pour Lacan, le réel, c’est ce qui cloche, le chaos. Là, je me suis dit, “voilà quelqu’un qui propose une définition acceptable.”. » (rires)
Par conséquent, le mensonge serait alors tout ce qui tente de dissimuler ce qui cloche. « C’est pour cela que le mensonge est la seule valeur sacrée dans une famille. » (rires dans la salle) D’ailleurs, Lacan met le doigt sur quelque chose de fondamental : « Le réel n’est pas, ne peut pas être cohérent. Les erreurs judiciaires soulèvent d’ailleurs ce problème même, inhérent à la société : nous avons besoin de cohérence, d’avoir une autre image du réel. » Cette obsession de la cohérence est ce qui rend alors nos vies compliquées… (...)
« La cohésion de l’Europe me préoccupe. Mon rêve est de créer un projet universitaire européen pour lequel je veux me engager dans les prochains mois. Où tous étudient dans des langues différentes. Car l’un des effets pervers de cette Europe économique est qu’elle risque de créer une société élitiste, alimentant le grand fantasme de l’invasion, celui de l’immigration. Or, pour lutter contre cette peur instinctive de l’autre et du changement il est urgent d’instaurer une véritable politique culturelle en Europe » . (...)