
Le projet Oïkeo mené depuis début 2011 par l’association ARI-Asais a permis à une dizaine de Bordelais sans-abris, souffrant de troubles psychiatriques, d’accéder à un logement sans obligation de soins. Résultat ? Autonomisés, rassurés et insérés, la plupart des locataires intègrent d’eux-mêmes des dispositifs thérapeutiques.
Pas d’obligations de soins, pas de comptes à rendre. L’essai conduit par l’association bordelaise ARI-Asais en parallèle au programme expérimental national « Un chez soi d’abord » piloté par la Délégation interministérielle à l’hébergement et à l’accès au logement (DIHAL) bouleverse les codes pratiqués par les institutions et les travailleurs sociaux depuis des décennies.
Cette initiative qui existe déjà à Paris, Marseille, Lille et Toulouse copie le modèle canadien « At home - Chez soi » également appelé « housing first », révélée en France en 2009 par le docteur Vincent Girard, psychiatre, praticien hospitalier, anthropologue coordonnateur médical d’une équipe psychiatrie précarité à Marseille. (...)
Le principe ? Tout d’abord, il n’y a pas de passage obligatoire par l’hébergement temporaire ou d’urgence ni par les dispositifs usuellement imposés. De plus, l’accès à un logement ordinaire de droit commun est considéré comme la première condition à l’engagement dans les soins et à un parcours d’insertion.
Comment ? Au même titre que la Location solidaire instaurée par le diaconat de Bordeaux, ARI-Asais loue officiellement des petits logements à des bailleurs privés. L’association garantit, assure, restaure l’habitation au préalable si cela est nécessaire, prend en charge toutes les formalités administratives, la gestion locative et s’assure du versement des loyers. (...)
Concrètement, l’ensemble des locataires paie le loyer et il n’y a eu aucune dégradation. Ils reprennent leur santé en main. Il n’y a d’ailleurs quasiment plus de soins d’urgence et plus aucun fait de justice. Pour parler clairement, en plus d’offrir à ces personnes la possibilité de vivre et non plus de survivre, le coût social global que représente un locataire d’ARI-Asais est dérisoire comparé à celui que constitue un sans-abri.