On ponce, on perce, on martèle : à Concarneau, au festival de la low-tech, une association apprend à construire des fours et séchoirs solaires. Conclusion : « C’est hyper satisfaisant de retrouver de l’autonomie. »
L’endroit accueille toute l’année des cours de menuiserie, de couture ou de fabrication de savons. Pour cette première édition du festival de la low-tech, qui se déroule jusqu’au dimanche 3 juillet, la cuisson solaire est à l’honneur. (...)
Tous sont venus apprendre à confectionner un séchoir solaire – une sorte d’étagère en bois dans laquelle on peut, en utilisant les rayons du soleil, déshydrater des fruits, des légumes ou des herbes afin de les conserver pendant plusieurs mois. Une fois la démonstration achevée, chacun retourne à son établi. L’atelier se transforme en une fourmilière où l’on ponce, perce et martèle de toutes parts. (...)
Spécialiste des méthodes de cuisson low-tech — on appelle low-tech des systèmes, produits et services ayant un impact écologique minimal, mais aussi utiles et accessibles par quiconque — Vincent Bourges a décidé de devenir formateur par conviction. « Ce sont des technologies qui devraient être à la disposition de tout le monde », pense-t-il. Selon un rapport de l’Agence de la transition écologique (Ademe) de 2021, la cuisine fait partie des six usages les plus énergivores au sein des foyers français (derrière le chauffage de l’air et de l’eau, et à égalité avec la réfrigération, l’audiovisuel et le blanchissage du linge). Les appareils de cuisine électriques représentent en moyenne 6 % de la consommation d’électricité des foyers français – mais cette part peut monter jusqu’à 48 % dans les cas les plus extrêmes. Un calcul du Low-tech Lab rend ces données palpables : il faudrait pédaler pendant trois jours et huit heures pour produire la quantité d’énergie nécessaire à la cuisson d’un poulet rôti. Quant aux cuisinières à gaz, elles émettent du méthane et des oxydes d’azote néfastes pour le climat et la santé. Selon une étude de l’université Stanford, aux États-Unis, 40 millions de cuisinières au gaz pollueraient autant que 500 000 voitures à essence.
« Même s’il fait -5 °C, ça chauffe »
Une source d’énergie propre, directe et gratuite est pourtant disponible : le soleil. Deux appareils de cuisson low-tech, le four et le séchoir solaires, permettent de la capter. Dans le premier cas, des miroirs concentrent les rayons du soleil à l’intérieur d’un réceptacle, ce qui le fait monter en température (comme lorsque l’on utilise une loupe pour brûler des feuilles mortes). La température peut monter jusqu’à 150 °C. Dans le second, on utilise un réflecteur et une plaque de couleur noire pour réchauffer l’air à l’intérieur d’une boîte en bois. La circulation de cet air chaud permet de déshydrater les aliments. Il n’est pas nécessaire que la température extérieure soit élevée pour que ces techniques fonctionnent. (...)
Ces phénomènes naturels ont été « oubliés, parce que l’on pouvait appuyer sur un bouton », explique Quentin Mateus, du Low-tech Lab. « Mais ils fonctionnent très bien. » (...)
Avec un inconvénient : difficile, quand on habite à l’ombre d’un immeuble, de préparer son dîner grâce aux rayons du soleil. Cuire des aliments de cette façon est également plus long. (...)
Four et séchoir solaires requièrent par ailleurs un ciel dégagé. Il faut s’appuyer sur d’autres outils en technologies sobres, comme des cuiseurs à bois économes (ou « rocket stove »), pour cuisiner par mauvais temps. (...)