
Deux journalistes grecs ont été arrêtés pour avoir divulgué ou menacé de divulguer des informations relatives à la situation économique du pays.
Les restrictions à la liberté d’informer sont-elles la conséquence inévitable des plans d’austérité ? La situation alarmante de la Grèce pourrait le laisser craindre, au moment où le gouvernement d’Athènes, sous pression de ses créanciers, s’engage à baisser ses dépenses publiques de 33,9% l’an prochain par rapport à 2012.
Pour la deuxième fois en quelques jours, un journaliste grec, Spyros Karatzaferis, a en effet été arrêté mercredi, après avoir simplement menacé de publier des informations relatives à la situation économique du pays, obtenues, avait-il annoncé, via le groupe de hackers Anonymous.
Il a été arrêté après avoir annoncé sur une télé régionale qu’il était en possession de documents, y compris des échanges d’e-mails entre le gouvernement grec et la « troïka » (Commission européenne, Banque centrale européenne, FMI) sur le plan de sauvetage de la Grèce. (...)
L’organisation britannique Index on Censorship s’inquiète désormais de ce qu’elle qualifie d’« attaques sur la liberté d’expression » en Grèce, dès lors que l’on touche au système économique mis à mal par les plans d’austérité négociés avec l’Europe et le FMI.
Mais pas seulement : l’organisation rappelle que d’autres attaques contre les médias concernaient les violences policières contre des manifestants, la violence des néonazis contre des journalistes ou des gays.
De son côté, Reporters sans frontières s’est inquiété dès l’annonce de menaces contre le journaliste qui avait publié la « liste Lagarde » (...)
L’Europe peut difficilement rester sans réagir à cette montée des menaces à la liberté d’expression en Grèce, sous peine de laisser accréditer l’idée qu’elle est non seulement responsable de l’austérité sans précédent à laquelle sont soumis les Grecs, mais aussi de l’érosion des libertés.
Ce serait désastreux pour l’idée même d’une Europe démocratique, concept né, faut-il le rappeler... en Grèce ! (...)
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En 2010, la “liste Lagarde”, contenant les noms de plus de 2000 fraudeurs fiscaux grecs, a été transmise au gouvernement d’Athènes. Mais rien n’a été fait. Kostas Vaxevanis, le rédacteur en chef de l’hebdomadaire Hot Doc, a récemment été arrêté pour l’avoir publiée. Pour lui, il s’agit d’un symptôme de la corruption en Grèce. (...)