
Clap de fin pour l’occupation de la Bourse du travail de Bordeaux où près de 70 migrants avaient trouvé refuge après l’évacuation de plusieurs squats de l’agglomération bordelaise. Après 18 jours d’attente derrière les lourdes grilles grises, la préfecture, l’OFII et le 115 auraient proposé des solutions d’hébergement à l’ensemble des occupants ce jeudi. Retour sur la mobilisation.
Ce petit papier plié en quatre, précieusement gardé dans son portefeuille, lui redonne le sourire. Ce soir Amin (tous les prénoms ont été modifiés) dormira dans un centre d’accueil d’urgence géré par Emmaüs sur la rive gauche de Bordeaux. Cette solution est temporaire mais il espère qu’elle lui permettra de tourner la page et de se construire un avenir. (...)
Désormais, a-t-on appris ce jeudi, la préfecture, l’OFII (office français de l’immigration et de l’intégration) et le 115 ont proposé des solutions d’hébergement à l’ensemble des occupants. Jointe par Rue89 Bordeaux, la préfecture n’a pas souhaité faire de commentaires.
Expulsés des squats par la préfecture, les occupants de la Bourse du travail avaient investi ce bâtiment de la mairie de Bordeaux, avec l’accord de la CGT qui y dispose de ses bureaux. Dans l’attente de propositions de relogement, il ont alors fait avec les moyens du bord et le soutien des syndicats CGT et CNT, d’associations telles qu’Ovale Citoyen, le réseau éducation sans frontière, Médecin du Monde ainsi que des collectifs et citoyens militants.
Chaque soir des bénévoles sont venus passer la nuit sur place afin d’assurer soutien et sécurité des migrants. Pendant la journée, c’est à quelques rues de là, à l’Athénée libertaire, qu’ils ont trouvé refuge. L’espace associatif militant ne désemplit pas depuis qu’il a ouvert ses portes à un accueil de jour, mi-juillet. (...)
Même si les inquiétudes persistent. La Bourse du travail ferme ses portes, et avec elle son unique douche pourtant précieuse. Quant à l’accueil de jour, son activité n’est prévue pour l’instant que jusqu’à la fin du mois.
Or si tous les migrants rencontrés à la Bourse ce jour semblent avoir une solution d’hébergement pour ce jeudi soir, l’Athénée voit sa fréquentation se renouveler constamment. Trouver des solutions durables relève donc toujours de l’urgence pour les nombreux bénévoles rencontrés sur place. Contactée, la préfecture ne souhaite pas communiquer sur la situation. (...)
« Les solutions de logement sont une avancée mais on pourrait re-remplir la Bourse ce soir (jeudi) », s’inquiète Jean-François Puech, président de l’association Ovale Citoyen. (...)
Au tableau de l’Athénée libertaire, seules deux associations proposent l’entretien du linge. Et dans les faits, il repose essentiellement sur la volonté de bénévoles qui font des machines chez eux. Quant aux squats, ils ne permettent souvent pas des conditions d’accès aux sanitaires et à une alimentation optimale. (...)
« Une bonne nouvelle pour les familles »
Insistant sur l’absence de statut juridique des mineurs lorsqu’il font un recours pour la reconnaissance de leur minorité, il s’inquiète de la situation à venir cet hiver. Il espère donc l’engagement d’une collectivité territoriale dans un bail précaire afin de créer une « zone tampon » destinée à héberger les personnes en attente de traitement de leur situation.
Quant à Corinne Versigny, secrétaire générale de la CGT 33, dont le bureau se trouve dans le bâtiment, elle estime que la solution de ce « drame humanitaire » est une « bonne nouvelle pour les familles » qui ont été logées sur des dispositifs pérennes.