
Les expulsions de logement et les coupures d’énergie reprendront ce 1er avril pour les personnes qui ont des difficultés à payer leurs échéances. Alors que la crise sanitaire liée au Covid-19 s’intensifie, l’association Droit au logement demande des mesures d’urgence au gouvernement, qui vient d’en prendre pour les entreprises. Des mobilisations sont prévues le 28 mars. Voici leur appel.
« Tandis que l’épidémie de coronavirus gagne du terrain, il doit être instauré des mesures d’urgence pour le logement, car l’absence ou de très mauvaises conditions de logement que connaissent des personnes vulnérables, souvent en mauvaise santé, les expose à l’épidémie et renforce sa propagation. Des mesures exceptionnelles et de bon sens doivent donc être mises en œuvre, sans hésiter, ni protéger des intérêts particuliers, afin de gagner la guerre contre le coronavirus », estime l’association Droit au logement. Voici ses demandes :
– Moratoire sur les expulsions : en France, dès le 1er avril les expulsions reprennent, 135 000 jugements d’expulsion ont été prononcées en 2018. Pourquoi demander à la population de rester à la maison si on continue à mettre à la rue les personnes en difficulté ?
– Réquisition des logements vacants et des locaux loués en Airbnb &Co, et maintien des CHU : La France compte 4 procédures de réquisitions et 3,1 millions de logements vacants, dot 114 000 à Paris, 304 000 en ile de France (hors résidence secondaire), pour les sans logis, et les habitants de taudis ou en surpeuplement, situation qui favorise la propagation du virus : relogement en HLM ou dans des locaux réquisitionnés .
– Moratoire sur la baisse des APL, et les impayés de loyer et de traites (établi à partir du taux d’effort et du revenu de chaque ménage) : il s’agit de ne pas accroître le nombre d’expulsions, car beaucoup de ménages vont connaître une baisse brutale de leur revenus. Les locataires et les accédants à la propriété modestes ne doivent être le seuls à supporter la charge de la guerre au coronavirus !
– Moratoire sur les coupures d’énergie et d’eau, qui reprennent le 1er avril, pour des raisons évidentes de protection des personnes fragiles et de protection contre la propagation.
Si le gouvernement refuse de prendre ces mesures vitales, les maires en vertu de leurs pouvoirs de police peuvent prendre des arrêtés de réquisition, des arrêtés anti expulsions et des arrêtés contre les coupures d’eau et d’énergie ou pour leur rétablissement. Ces sujets quasiment absent des débats électoraux doivent être mis sur la table. Si besoin, nous sommes prêts à agir dans les prochains jours sur ces sujets (réquisition, expulsions , fermeture des CHU, loyers chers...).
L’appel pour une journée européenne d’action pour le logement
Le 28 mars prochain, des manifestations dans 21 pays d’Europe et près d’une centaine de villes sont prévues dans le cadre de la journée européenne d’action pour le logement. En ligne de mire : les expulsions, le logement cher, la spéculation, et pour le droit à un logement décent et stable pour tous.
Dans toute l’Europe, la spéculation immobilière soutenue par la masse immense des capitaux détenus par les groupes financiers, les fonds de retraite et les riches, engendre la crise du logement et la précarité, avec le soutien bienveillant et souvent actif de la plupart des institutions européennes, étatiques, régionales et même municipales.
L’Europe compte près d’un million de sans abris dont 200 000 en France, qui survivent, souffrent et meurent prématurément dans les rues, les abris de fortune, les caves... Qui sont souvent interdits de séjour dans les villes gentrifiées, menacé.e.s d’amendes, voire de prison, ou placé.e.s dans des hébergements précaires voire indignes.
Pour payer son loyer ou rembourser son prêt immobilier, il faut travailler toujours plus et pour ne pas tomber à la rue, sacrifier d’autres besoins élémentaires, tels que les soins, l’éducation. Locataires et habitant.e.s sont expulsé.e.s de leur logement, chassé.e.s de leur quartier et de leur ville par le logement cher, la spéculation, nourries par des politiques d’urbanisme agressives. (...)
Un logement stable, décent, bon marché dans les villes comme dans les campagnes est un besoin et un droit fondamental. À Berlin, Amsterdam, Athènes, Bruxelles, Belgrade, Barcelone et dans toute l’Europe et toutes les villes, les habitants commencent à se lever :
Le logement c’est pour les gens, pas pour l’argent ! Toutes et tous ensemble dans les rues samedi 28 mars 2020