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Contrôles au faciès : la preuve scientifique
Article mis en ligne le 30 août 2012

Le ministre du Démantèlement de la délinquance roumaine, Manuel White, vient à nouveau de s’illustrer en enterrant, au nom de la responsabilité, de la maturité et de la confiance, une promesse de la campagne Hollande : l’obligation pour les policiers de délivrer des récépissés lorsqu’ils effectuent un contrôle d’identité. À cette mesure, permettant un contrôle de l’activité policière – et de prévenir et sanctionner les abus, notamment les contrôles au faciès – le ministre a donc préféré faire confiance à la police pour ne pas contrôler au faciès. À cette manière singulière – et à vrai dire exceptionnelle – de traiter la délinquance, il nous a paru utile de répondre en rappelant le caractère massif de cette délinquance policière : voici donc les résultats d’une étude chiffrée, initialement publiée en 2009 par deux chercheurs du CNRS, Fabien Jobard et René Lévy. Voici un large extrait de sa présentation. Voici, en somme, à quelle police Manuel White assure toute sa confiance – et promet donc l’impunité.

(...) L’étude a confirmé que les contrôles d’identité effectués par les policiers se fondent principalement sur l’apparence : non pas sur ce que les gens font, mais sur ce qu’ils sont, ou paraissent être. Les résultats montrent que les personnes perçues comme « Noires » (d’origine subsaharienne ou antillaise) et les personnes perçues comme « Arabes » (originaires du Maghreb ou du Machrek) ont été contrôlées de manière disproportionnée par rapport aux personnes perçues comme « Blanches ».

Selon les sites d’observation, les Noirs couraient entre 3,3 et 11,5 fois plus de risques que les Blancs d’être contrôlés au regard de la part de ces deux groupes dans la population disponible à être contrôlée par la police (ou la douane).

Les Arabes ont été généralement plus de sept fois plus susceptibles que les Blancs d’être contrôlés ; (...)

Un autre facteur déterminant a été le style de vêtements portés par les personnes contrôlées. Bien que les personnes portant des vêtements aujourd’hui associés à différentes « cultures jeunes » françaises (« hip-hop, » « tektonik, » « punk » ou « gothique », etc.) ne forment que 10% de la population disponible, elles constituent jusque 47% de ceux qui ont été effectivement contrôlés. Il ressort de notre étude que l’apparence vestimentaire des jeunes est aussi prédictive du contrôle d’identité que l’apparence raciale. (...)

Les politiques actuellement adoptées en France, si elles ont accru la sensibilité des organisations policières aux problèmes de déontologie et de discrimination, semblent encore insuffisamment armées pour faire face au problème spécifique du contrôle au faciès. Pour traiter cette forme particulière de discrimination et renouer avec l’essence de l’idéal républicain français, il faut d’abord la reconnaître comme un problème en soi. À cette fin, la Justice Initiative fait les recommandations suivantes : (...)