
« Ce qui m’a rendu triste, c’est qu’on les maltraite, et ce qui m’énerve c’est qu’on leur demande beaucoup d’argent pour monter sur des bateaux en mauvais état, et après ils meurent ! »
Un élève de 4e au collège Reynier à Six-Fours-Les-Plages traduit l’émotion que partagent les élèves qui participent à une séance de sensibilisation : la surprise, d’abord, puis souvent la tristesse et la colère. « Ils partent car dans leur ville, il y a la guerre, la pauvreté, les mariages forcés. Il y a aussi des enfants qu’on oblige à se battre » résume-t-il après le passage d’une bénévole de SOS MEDITERRANE dans son établissement, en février 2022.
La plupart des enseignants y voient une matière pédagogique qui intéresse vivement les élèves, et qui peut être exploitée en géographie, en histoire, en français voire pour d’autres matières. La question de la migration est inscrite au programme de 4e, dans le cadre duquel SOS MEDITERRANEE intervient régulièrement (...)
Dans certains établissements, ce sont parfois des personnes rescapées ou des membres de l’équipe en mer qui interviennent, comme Claire, marin-sauveteuse, récemment intervenue dans un lycée de Saint-Nazaire avec l’antenne bénévole bretonne.
« Il y a des vraies différences entre les élèves du collège et du lycée ! Au collège, les jeunes sont parfois naïfs, mais ils sont trop mignons ! Ils posent des questions comme « pourquoi ils ne prennent pas l’avion ? » Mais ce sont d’excellentes questions, qui permettent d’aller à la racine du problème ! J’adore les ados ! Avec les lycéens, c’est davantage la géopolitique qui va être questionnée : « pourquoi l’Europe ne les aide pas quand ces personnes se noient ? » (...)
S’adapter aux publics de 8 à 25 ans avec les bons outils (...)
« J’ai une petite histoire que je raconte souvent aux élèves pour illustrer la précarité des personnes que nous secourons, et qui semble parler aux jeunes » raconte Claire. « Il se trouve que j’ai des tatouages partout sur le corps, dont une paire de petits ciseaux dessinés à côté d’une cicatrice, comme si les ciseaux avaient découpé à cet endroit-là. Un jour sur l’Ocean Viking, il y avait peu de rescapé.e.s à bord : nous avions donc le temps de discuter un peu. À un moment, l’un des jeunes remarque ces petits ciseaux et me dit qu’il aimerait le même tatouage vis-à-vis de ses cicatrices. Il soulève son t-shirt et là, je vois tellement de cicatrices qu’il n’y a même plus de place pour la peau ! Ces cicatrices étaient bien la démonstration de toutes les horreurs que ces personnes subissent en Libye et durant leur parcours migratoire, notamment la torture… Alors je ne me suis pas démontée et je lui ai dessiné des dizaines et des dizaines de petits ciseaux sur le corps ! On a rigolé ensemble. C’est difficile à expliquer ces moments hors du temps qui subliment une situation dramatique ; on est dans un rapport d’humain à humain, le reste n’existe plus. » (...)