
Les preuves des effets néfastes des réseaux sociaux sur la santé des adolescents s’accumulent. Elles sont répertoriées par différentes études, et connues des plateformes. Certains demandent d’en prendre acte, en interdisant purement et simplement ces réseaux… aux mineurs.
Depuis 2010, date de début de l’ère des smartphones et du temps passé devant leurs écrans, on constate partout dans le monde une montée en flèche de la dépression chez les adolescents. Les responsables ? Le temps passé devant les écrans et les réseaux sociaux. Et plus le temps passe, et plus les preuves du lien entre réseaux sociaux et dépression s’accumulent, écrit le Financial Times. Ces « preuves », on les trouve d’abord dans toutes les études qui ont été réalisées depuis 2010. (...)
il existe bien une corrélation entre réseaux sociaux, temps d’écran et effet néfaste sur la santé mentale des adolescents.
Il a ainsi été montré que les adolescents britanniques qui passent cinq heures par jour ou plus sur les réseaux sociaux étaient deux à trois fois plus susceptibles d’actes d’automutilation, comparés à ceux qui étaient moins connectés. On a aussi constaté que les taux de suicide chez les adolescents ont fortement augmenté depuis 2010, des deux côtés de l’Atlantique. (...)
D’autres études montrent à l’inverse que réduire le temps passé sur les réseaux sociaux améliore la santé mentale. Et que la consommation de psychotropes et d’antidépresseurs a explosé chez les mineurs. (...)
Les effets néfastes des plateformes sur les jeunes connus par les plateformes, et … enterrés ?
Les preuves du lien entre réseaux sociaux et dépression, on les retrouve aussi directement dans des documents internes des plateformes. (...)
les ingénieurs de ces entreprises n’auraient pas changé d’un iota les algorithmes, après avoir constaté que ces derniers pouvaient entraîner les enfants et adolescents vers des voies dangereuses et addictives.
Cette affaire jugée à Oakland, qui regroupe des dizaines de plaintes déposées aux États-Unis au nom d’adolescents et de jeunes adultes, mettent directement en cause Facebook, Instagram, TikTok, Snapchat et YouTube (Google). Selon ces dernières, ces entreprises auraient causé de l’anxiété, de la dépression, des troubles de l’alimentation et des insomnies. Plus d’une douzaine de suicides ont également été imputés à ces sociétés. (...)
Meta aurait supprimé le financement de son équipe de santé mentale (...)
Et le dossier pointe spécifiquement Mark Zuckerberg, qui aurait été personnellement averti : « Nous ne sommes pas sur la bonne voie pour réussir dans nos principaux domaines de bien-être (utilisation problématique, intimidation et harcèlement…), et nous sommes exposés à un risque réglementaire accru et à des critiques externes. Ces problèmes affectent tout le monde, en particulier les jeunes et les créateurs ; s’ils ne sont pas résolus, ils se poursuivront dans le métavers », note un document interne.
Frances Haugen, ancienne salariée de Facebook devenue lanceuse d’alerte, avait déjà révélé en 2021 l’existence d’études internes au groupe sur ce sujet. Ces dernières montraient qu’Instagram affectait négativement les adolescentes en aggravant les troubles alimentaires et les pensées suicidaires. Selon son témoignage, la plateforme avait privilégié les profits à la sécurité et a caché ses recherches aux investisseurs et au public.
La crise de la santé mentale des jeunes « traitée comme une question de relations publiques » (...)
Vers une interdiction aux moins de 18/15 ans ?
Aux États-Unis, les parents et adolescents ne sont pas les seuls à mener des actions en justice contre les réseaux sociaux. Des écoles publiques de Seattle ont aussi attaqué Facebook, Instagram, TikTok, Snapchat et YouTube, parce que ces plateformes « provoquent une crise de santé mentale chez les jeunes », ce qui empêche le système scolaire de « remplir sa mission éducative ». (...)
En France aussi, le législateur français s’oriente vers une interdiction des réseaux sociaux aux moins de 15 ans. La proposition de loi sur la majorité numérique, qui doit encore être adoptée par le Sénat, prévoit de mettre en place un système de vérification de l’âge des utilisateurs. Problème : les moyens pour rendre effective cette interdiction doivent encore être définis.