
A côté des retraites, l’exécutif prépare une nouvelle loi immigration. Un dossier sur lequel l’Europe travaille aussi, mais à bas bruit. Le brief politique de Jean-Rémi Baudot
C’est un Pacte dont on entend très peu parler en France. Et pour cause : à Bruxelles, on fait tout pour éviter que cette longue négociation ne fasse du bruit. La crainte, c’est que l’immigration devienne un sujet polémique, politique, médiatique. Et que les gouvernements les plus populistes en Europe ne bloquent toute avancée sur le sujet. C’est pour cela que ce travail reste pour l’instant un peu sous les radars. (...)
Ce texte prévoit de renforcer les frontières de l’Europe, d’harmoniser les droits d’asile, de réduire les délais de traitements pour les dossiers de migrants, de soutenir les pays en première ligne ou encore mieux répartir les migrants au sein l’Union. "On met progressivement en place une politique migratoire européenne", se félicite un eurodéputé français. Sauf que si, déjà, au niveau national, ce n’est pas simple, alors une Union Européenne avec 27 politiques migratoires, c’est autant d’enjeux et de tensions dans chaque pays. Au Parlement européen, on pense pourtant que le sujet immigration gagnerait à être traité au niveau de l’UE. (...)
Quand les discussions se font hors des plateaux télé, les dossiers avancent
C’est aussi un texte qui promet plus de fermeté, d’autant qu’il y a aussi une volonté d’accélérer les retours des demandeurs d’asile déboutés avec une juridiction européenne unique. (...)
Cela ressemble quand même beaucoup à nos débats français sur les reconduites à la frontière, avec, pour l’heure, moins de brutalité dans les débats. Le sujet n’est pas traité au niveau des chefs d’État, mais il est discuté à des niveaux inférieurs, ce qui évite les postures politiques du hongrois Orban ou de l’italienne Meloni.
Et c’est peut-être une idée à réfléchir : quand les discussions se font hors des plateaux télé, les dossiers avancent. Ce qui est frappant, c’est que cette négociation sur l’immigration en Europe n’est pas récente : elle a débuté en 2020 et pourrait aboutir d’ici quelques mois.
On note d’ailleurs chez les eurodéputés une volonté d’avancer rapidement sur le sujet. En coulisses, certains expliquent vouloir trouver un accord avant les prochaines élections européennes de l’an prochain. Comprendre : avant que les populistes ne se renforcent éventuellement au Parlement européen.