
En France, entre 800 000 à 1 million d’élèves, enfants et adolescents, seraient harcelés chaque année. Au-delà de ce chiffre considérable, une autre inquiétude émerge, relayée notamment par la défenseure des droits, Claire Hédon, celle de la durée du harcèlement. Passé le premier choc d’apprendre que son enfant est harcelé, les parents sont souvent effarés d’apprendre que cette situation dure depuis des mois, parfois des années, sans que personne ne s’en soit aperçu ou n’ait signalé le phénomène.
En France, entre 800 000 à 1 million d’élèves, enfants et adolescents, seraient harcelés chaque année. Au-delà de ce chiffre considérable, une autre inquiétude émerge, relayée notamment par la défenseure des droits, Claire Hédon, celle de la durée du harcèlement. Passé le premier choc d’apprendre que son enfant est harcelé, les parents sont souvent effarés d’apprendre que cette situation dure depuis des mois, parfois des années, sans que personne ne s’en soit aperçu ou n’ait signalé le phénomène. (...)
Pour qu’une ostracisation réussisse, il est nécessaire que tous y participent de manière active ou passive.
Le rôle joué par les témoins explique l’intérêt porté sur la mobilisation des témoins par certaines stratégies de lutte contre le harcèlement. Si le harcèlement est finalement bien connu d’une partie non négligeable des élèves, pourquoi n’alertent-ils pas les adultes ? (...)
Pour tenter de répondre à cette question, il est important de distinguer deux types d’acteurs. On retrouve, d’une part les participants ou outsiders qui constituent en quelque sorte la « garde rapprochée » du harceleur et qui, par leurs comportements, recherchent les faveurs de l’élève populaire. Ainsi, ceux qui agissent ne sont pas toujours ceux qui sont à l’initiative de la violence. L’élève à l’origine du harcèlement reste ainsi au-dessus de tout soupçon. De plus, en étant en groupe, la responsabilité de chacun est diluée.
Le second type d’acteurs rassemble l’ensemble des témoins « passifs » de la situation, qui n’interviennent pas, tout simplement par peur des représailles ou de prendre la place de la victime. (...)
Il arrive ainsi que des enfants harcelés se mettent à exercer des violences sur d’autres pour sortir de la situation (...)
Certains auteurs montrent que le harcèlement revêt des formes différentes en fonction de l’âge des enfants. Alors que les violences physiques se retrouvent plus facilement chez les plus jeunes et sont donc plus facilement repérables ; les violences morales apparaissent plus souvent à l’adolescence et constituent des actions plus discrètes et donc plus difficiles à détecter pour les adultes.
Le harcèlement moral est parfois difficile à démontrer, il est souvent impossible de prendre les élèves sur le fait. Cette violence psychologique contribue à rendre le harcèlement invisible. (...)
dans de nombreux cas, les enseignants n’ont tout simplement pas vu ou compris ce qui se passait. On peut invoquer au moins trois raisons à cela.
La première est que la cour est littéralement un chaudron dans lequel bouillonnent d’innombrables interactions qu’il est difficile de décrypter et démêler où le harcèlement moral passe facilement inaperçu. La cour recèle également de nombreux coins et recoins qui permettent de disparaître aux yeux des adultes. Les enseignants et autres personnels chargés de surveiller cet espace dynamique n’ont tout simplement pas les moyens d’être partout. (...)
La seconde raison relève du manque de préparation du personnel de l’Éducation nationale. La question du harcèlement scolaire n’est pas abordée dans la formation initiale des enseignants, le seul moyen pour eux de se renseigner sur le sujet est de suivre un module de formation continue… Le rapport sénatorial de la mission d’information sur le harcèlement scolaire et le cyberharcèlement pointe d’ailleurs « le désarroi du milieu éducatif », avec 65 % des enseignants se considérant comme mal armés face au harcèlement. Et ce pour des raisons variées : un manque de formation, des difficultés à le détecter ou une absence de soutien de la hiérarchie.
La troisième raison est à rechercher du côté du manque de partage d’information. (...)
Si l’information n’est pas échangée au sein de l’équipe pédagogique, elle restera un signal faible.