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Commémoration de la Jif en 2015 dans la région Euro-méditerranéenne TOLÉRANCE ZÉRO POUR LA VIOLENCE À L’ÉGARD DES FEMMES
Article mis en ligne le 7 mars 2015

En amont de la 59e session de la Commission sur la condition de la femme (CSW) à New York, le Réseau euro-méditerranéen des droits de l’Homme exhorte les gouvernements de la région euro-méditerranéenne à saisir cette opportunité pour renouveler leur engagement en faveur d’une tolérance zéro à l’égard de la violence faite aux femmes, et particulièrement vis-à-vis des militantes des droits des femmes. La session de la CSW débutera le 9 mars et marquera le 20e anniversaire de la déclaration et du programme d’action de Beijing.

Le REMDH est extrêmement préoccupé par le nombre croissant de cas de violence signalés à l’égard des femmes, y compris contre des militantes des droits des femmes dans la région du sud et de l’est de la Méditerranée. Nous avons recensé de nombreux cas de viols, de violence sexuelle et de harcèlement sexuel à travers l’ensemble de la région (lien vers le rapport sur les VeF). Les cas intolérables d’enlèvement, de traite et de meurtre de femmes font également l’objet de vives préoccupations. La violence est utilisée de façon délibérée comme une stratégie politique et sociale visant à dissuader les femmes de participer à la vie publique. Elle entrave la mise en place de sociétés justes et équitables. Le REMDH déplore l’absence de lois spécifiques de protections des femmes contre les violences et il dénonce les lois adoptés par certains gouvernements justifiant cette violenceLa violence contre les femmes en Europe, bien qu’observée à une échelle différente, fait également l’objet de vives inquiétudes. (...)

À travers toute la région du sud et de l’est de la Méditerranée, la législation demeure très discriminatoire à l’égard des femmes et permissive vis-à-vis d’actes de violence tels que le viol, le viol conjugal, le mariage forcé et précoce, la violence domestique, les agressions sexuelles, le harcèlement sexuel et les mutilations génitales. En Tunisie, une loi générale prometteuse en faveur de la lutte contre la violence à l’égard des femmes est actuellement dans l’impasse en raison du parti islamique Enahda qui s’y oppose. Au Maroc, une loi sur la violence à l’égard des femmes a également été soumise au gouvernement en novembre 2013, mais son adoption a été reportée par une commission chargée par le premier ministre d’analyser le texte. De manière générale, les lois des pays de la région n’offrent pas de protection adéquate aux femmes et lorsqu’une telle législation existe, elle n’est pas appliquée et une culture de l’impunité s’installe et empêche les femmes d’avoir recours à la justice.

En Europe, la violence à l’égard des femmes, est toujours considérée comme la violation la plus répandue de leurs droits. Il y a un an, en mars 2014, l’Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne (UE) a publié les conclusions de son étude sur la violence à l’égard des femmes dans l’UE. Cette étude révèle qu’une femme sur trois âgée de 15 ans ou plus a déjà été victime de violence physique et/ou sexuelle, qu’une femme sur cinq a déjà été harcelée et qu’une femme sur deux a déjà été confrontée à une ou plusieurs formes de harcèlement sexuel. En outre, 5 % des femmes âgées de 15 ans ou plus ont affirmé avoir été violées. La montée du conservatisme et les effets négatifs durables de la crise économique sur l’emploi des femmes et leur accès aux services continuent de porter atteinte à l’égalité des sexes et d’exposer les femmes à des risques de violence.

À la lumière de ce qui précède, le REMDH exhorte les États, les gouvernements, les gouvernements provisoires et les organismes de la région euro-méditerranéenne et de l’UE à :

 Renouveler leur engagement en faveur du programme d’action de Beijing à l’occasion de son 20e anniversaire, en particulier les objectifs et actions stratégiques de lutte contre la violence à l’égard des femmes, en prenant des mesures concrètes pour lutter contre l’impunité et promouvoir la responsabilité pour les cas de violence à l’égard des femmes

 Renouveler leur engagement envers la résolution 1325 du Conseil de sécurité de l’ONU sur les femmes et les conflits armés à l’occasion de son 15e anniversaire, en prenant des mesures contre la violence sexuelle lors des conflits et en renforçant la participation des femmes aux processus de paix et leur présence au sein des institutions politiques

 Saisir l’occasion du 20e anniversaire du partenariat euro-méditerranéen pour agir contre l’impunité et garantir la responsabilité dans les cas de violence à l’égard des femmes dans la région euro-méditerranéenne

 Veiller à ce que la politique européenne de voisinage révisée de l’UE inclue des initiatives et des instruments permettant de lutter contre la violence et l’impunité dans les cas de violence à l’égard des femmes dans le cadre des partenariats de l’UE avec ses voisins du sud et de l’est

 Ratifier sans délai la Convention d’Istanbul sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique