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Coline Picaud, Personne ici ne sait qui je suis
Article mis en ligne le 12 janvier 2021

(...) « Cela fait maintenant 6 ans que je travaille dans un centre social qu’on appelle ici à Grenoble “Maison des habitants” (MDH) » : tel est le texte que l’on trouve en haut de la première page du livre, entièrement occupée par la représentation de l’immeuble que l’on suppose dès lors abriter cette MDH, et dont l’entrée est située entre les devantures d’une pharmacie et d’un fleuriste. « Je m’occupe des ateliers sociolinguistiques (ASL) : des cours de français à destination d’étrangers adultes. Leur objectif est d’aider les personnes à se sentir mieux dans la société française, par l’apprentissage de la langue, notamment », poursuit la voix off juste en dessous de l’image. (...)

Coline Picaud donne beaucoup de place aux récits de vie des personnes qu’elle rencontre dans le cadre de son activité. C’est ce qui fait tout l’intérêt de cette « bande dessinée de reportage » : c’est qu’elle n’en est pas vraiment une, justement, ou alors qu’elle est beaucoup plus. Par « reportage », j’entends le matériau rapporté et mis en forme, parfois de façon virtuose, par un·e journaliste depuis tel ou tel « terrain » où se déroulent (ou pas) des événements plus ou moins spectaculaires. Rien de tel ici. L’auteure raconte son quotidien, entièrement occupé par l’accueil, l’écoute et si possible la joie partagée avec des personnes « déplacées » et souvent marquées par les violences subies avant de quitter leur pays natal, pendant leur voyage vers les terres promises de l’Europe et encore après leur arrivée sur les rives de ce qui ressemble souvent plus à l’enfer qu’au paradis. (...)

Je me prends à rêver que ce genre de bouquin serve de matériel pédagogique en cours de géographie dans les écoles françaises. Car, comme le dit Coline Picaud, « il existe peu de lieux tels que les ateliers de français où se mêlent, plusieurs heures par semaine, universitaires sud-américains et Guinéens privés d’école, éclopé et professeur de salsa, prostituées nigérianes et religieuses malgache. Le monde est là. » (...)

La grande réussite de l’ouvrage est de nous le faire (presque) toucher du doigt, ce monde qui bruisse de milliers de récits. Je me prends à rêver que ce genre de bouquin serve de matériel pédagogique en cours de géographie dans les écoles françaises. Car, comme le dit Coline Picaud, « il existe peu de lieux tels que les ateliers de français où se mêlent, plusieurs heures par semaine, universitaires sud-américains et Guinéens privés d’école, éclopé et professeur de salsa, prostituées nigérianes et religieuses malgache. Le monde est là. »

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