McDonald’s continue à vendre son image d’entreprise inclusive qui a servi d’ascenseur social à toute une génération. En réalité, les conditions de travail et le management se sont considérablement durcis au cours des dix années écoulées. Avec une bonne touche de sexisme et d’entrave à la syndicalisation pour pimenter le tout.
« Quand j’arrivais au boulot, je débranchais mon cerveau, se souvient Sami*, qui vient de lâcher son job d’équipier dans un McDonald’s francilien au bout d’à peine un an. J’avais l’impression d’être un robot. » Ce n’est pourtant pas ce que lui avait vendu son frère ainé qui a, lui aussi, financé ses études en travaillant chez McDo. « C’était il y a dix ans. Depuis, le travail et l’ambiance ne sont plus les mêmes. »
De fait, l’organisation du travail a radicalement changé. (...)
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(...) à McDo, les équipiers sont entassés dans la cuisine ou au comptoir, qui sont des espaces restreints où il est impossible de respecter des distances de sécurité. De plus, beaucoup d’employés doivent emprunter les transports en commun pour venir au restaurant et s’exposent à un danger de contamination pour eux dès leur déplacement, ainsi que pour les autres collègues, une fois sur place. Par ailleurs, le rythme de travail effréné et le débordement dû au sous-effectif ne permet pas toujours de respecter les consignes à la lettre, comme le lavage plus cadencé des ustensiles.
D’autre part, l’enseigne McDonald’s dans laquelle je travaille a eu un comportement irresponsable en n’appliquant aucun principe de précaution à l’égard d’employés malades, souffrant de symptômes similaires à ceux du Covid-19. « Moi j’ai la crève et je viens quand même travailler », « T’es juste un peu malade, le reste c’est juste psychologique » sont des mots qui ont été adressés par un manager et un directeur adjoint à une employée fiévreuse hier. Dans le même temps, le nombre d’infectés et de décès dû au coronavirus en France augmente toujours.
Cet exemple résume le cynisme monstre de McDonald’s France et des autres plateformes de livraison et restauration. En ne cessant pas l’activité et en n’informant pas davantage sur les modalités de chômage partiel, les directions jouent sur le besoin d’argent de jeunes précaires pour les inciter à venir travailler, même malades, même en pleine pandémie, pour maintenir les profits, « comme s’il ne s’était rien passé ».
Face à tout ça nous avons besoin, pour tous les travailleurs précaires, d’un congé payé à 100% du salaire, pris en charge par les employeurs car la peur de ne pas pouvoir remplir nos frigos ne peut nous obliger à mettre nos vies en danger. Nous n’avons aucune confiance en ceux qui nous exploitent quotidiennement pour accorder la moindre valeur à nos existences, et nous nous organiserons pour défendre un système de santé à la hauteur de nos besoins !