
L’installation des compteurs électriques dits « intelligents », comme le Linky en France, qu’Éric Besson veut généraliser, est loin de faire l’unanimité. Intrusion dans la vie privée et risque de piratage des données, multiplication des ondes électromagnétiques avec des effets néfastes sur la santé, « racket » des abonnés, suppression d’emplois chez les distributeurs d’électricité... De Paris à la Californie, en passant par le Québec, la contestation grandit.
Tour d’horizon des résistances.
La Ville de Paris ne veut pas du nouveau compteur électrique « intelligent » Linky. Bien qu’elle soit la première ville française à prendre une position aussi tranchée contre ce nouveau compteur, son vœu, adopté mi-octobre 2011, est passé assez inaperçu. Ce vœu fait suite à l’annonce d’Éric Besson, ministre en charge de l’Énergie, le 28 septembre dernier, d’installer 35 millions de compteurs électriques « intelligents » dans tous les logements à partir de 2013 [1], considérée par les élus verts parisiens comme une « décision ministérielle unilatérale ». Les élus du groupe Europe Écologie-Les Verts (EELV) regrettent « l’absence totale de concertation avec les collectivités locales propriétaires des réseaux ». « En tant que propriétaire du réseau électrique et des compteurs, la Ville de Paris doit avoir voix au chapitre », souligne le cabinet de Denis Baupin, maire-adjoint de Paris. (...)
la ville de Saint-Colomban (Québec) a adopté en novembre 2011 une résolution [6] exigeant un moratoire sur l’installation des compteurs intelligents. Elle s’est inspirée de la pétition déposée à l’Assemblée nationale qui a recueilli près de 10 000 signatures. Ses auteurs dénoncent la non-consultation des abonnés, le « coût exorbitant » du remplacement des compteurs électromécaniques actuels ainsi que l’absence d’évaluation des risques sanitaires.
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Le moratoire adopté par le comté de Santa Cruz s’inscrit dans un mouvement de contestation beaucoup plus large. On compte à ce jour 9 autres comtés et 38 villes en Californie ayant adopté des résolutions qui considèrent illégale l’installation des compteurs intelligents au sein de leur juridiction [8] (...)
« Aux Pays-Bas, on est davantage en avance dans le dossier car les citoyens peuvent, sur une base volontaire et sans pénalité, conserver les compteurs mécaniques », rapporte la Coalition québécoise de lutte contre la pollution électromagnétique.
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En France, des associations comme Robin des toits et Next-Up s’inquiètent des effets potentiellement nocifs sur la santé en raison des ondes émises par les nouveaux compteurs électriques. Certes, les technologies utilisées aux États-Unis et au Canada pour permettre la communication du compteur sont différentes de celles utilisées en France. « Aux États-Unis, précise Étienne Cendrier, porte-parole de Robin des toits, les nouveaux compteurs ne fonctionnent qu’avec des radiofréquences. En France, on va essentiellement passer par du CPL, c’est-à-dire du courant porteur en ligne. » Les données émises par le compteur seront donc transportées via les lignes électriques existantes.
Mais la technologie CPL, qui superpose au courant électrique alternatif de 50 Hz (hertz) un signal à plus haute fréquence, n’est pas exempte de risques sanitaires car les câbles électriques actuels ne seraient pas aux normes CPL. (...)
Ce manquement total au principe de précaution a conduit Robin des toits à déposer fin 2011 un recours au Conseil d’État, qui dispose d’un an pour l’examiner. Avec le compteur Linky, Éric Besson s’apprête à refiler un cadeau empoisonné au prochain gouvernement.
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