
Lorsque le 115 ne trouve pas de solution pour héberger les familles, les maternités prolongent parfois les séjours des mères, jusqu’à trois semaines après l’accouchement.
Les bébés sans-abri sont de plus en plus nombreux en France, notamment en Seine-Saint-Denis. Cet été, 54 familles se sont ainsi retrouvées sans solution d’hébergement à leur sortie de la maternité, indique le collectif d’associations InterLogement93, dans un communiqué. Quatorze d’entre elles vivaient déjà à la rue ou en bidonville lors de leur admission. Rien que le jeudi 30 août, 19 femmes enceintes ont joint le 115-93 pour finalement se résoudre à dormir à la rue ou trouver un abri de fortune, faute de place disponible pour les accueillir.(...)
Une solution "bricolée, particulièrement coûteuse et par ailleurs inadaptée", dénonce InterLogement93 qui souligne "les manquements de l’Etat en matière d’hébergement d’urgence et induit une saturation des capacités d’accueil de certaines maternités franciliennes".(...)
Si les mères quittent la maternité sans logement, c’est parfois parce qu’elles se retrouvent dans la même configuration qu’avant d’y entrer. Au cours de l’année 2017, InterLogement93 a ainsi reçu 246 signalements de maternités du département pour des femmes enceintes ne disposant pas de solution viable d’hébergement. "Les conditions de vie de ces femmes, souvent combinées avec l’absence de suivi médical régulier au cours de la grossesse, ont de lourdes conséquences sanitaires", alerte l’association.
Chez ces femmes-là, les taux de prématurité, de césarienne et de faible poids de l’enfant sont largement supérieurs à la moyenne nationale.(...)
Les équipes d’InterLogement93 racontent avoir été témoins du départ de deux femmes contraintes de quitter les maternités où elles avaient accouché pour se retrouver à la rue avec leurs nouveau-nés, "faute de solution d’hébergement et ce malgré les nombreuses recherches effectuées en amont par le numéro d’urgence 115".
Elles étaient toutes deux dans la rue le soir-même. L’une avec ses jumeaux de 4 mois et l’autre avec son fils de 3 ans et son nourrisson de 3 semaines. Rencontrées par les maraudes, elles "ne disposaient alors ni de lait, ni de couches et les bébés n’étaient habillés que d’un léger body", précise le communiqué. (...)