
La direction de l’école a transmis à la procureure de la République d’Evry les résultats d’une enquête menée auprès des étudiants qui déclarent une centaine d’agressions sexuelles et de viols entre élèves lors de l’année 2020-2021.
Ce fleuron des grandes écoles d’ingénieurs avait traversé sans encombre la tempête #metoo et #balancetonporc. Pas un témoignage à charge sur Twitter, pas un cas d’agression signalé à la direction, loin, donc, de la déferlante qu’ont essuyée notamment les instituts d’études politiques (IEP) au printemps 2021.
C’est pourtant à la procureure de la République d’Evry que Romain Soubeyran, directeur de CentraleSupélec, a remis mercredi 6 octobre les résultats d’une enquête interne sur les violences sexistes et sexuelles. Destinée à établir un état des lieux dans le cadre du plan d’action conduit par l’établissement en faveur de l’égalité femme-homme, l’étude fait état d’un nombre impressionnant de déclarations d’agressions sexuelles et de viols lors de l’année universitaire 2020-2021. Une enquête préliminaire pour harcèlement sexuel, agressions sexuelles et viols a été ouverte sur la base de cette étude, a annoncé jeudi le parquet d’Evry.
Menée en ligne en juin et juillet auprès de 2 400 élèves de première et deuxième années, dont 659 ont répondu (196 femmes, 443 hommes, 20 s’identifiant comme non binaires), elle révèle que 51 femmes et 23 hommes déclarent avoir été victimes de harcèlement sexuel, 46 femmes et 25 hommes d’une agression sexuelle et 20 femmes et 8 hommes d’un viol. En outre, 110 femmes et 25 hommes déclarent avoir été l’objet de propos sexistes, 43 femmes et 34 hommes l’objet de contacts physiques non sexuels. Dans neuf cas sur dix, l’auteur est un étudiant et l’agression a été commise dans le cadre associatif ou au sein de la résidence universitaire de Gif-sur-Yvette (Essonne), où sont logés 2 000 étudiants. (...)
« Nous sommes sidérés, commente Romain Soubeyran, en poste depuis septembre 2018. Je n’ai eu aucun signalement de violences sexistes ou sexuelles au cours de l’année. Nous pensions que les choses étaient sous contrôle à travers notre cellule contre ces violences et le harcèlement et grâce à l’action des associations étudiantes engagées sur ces questions. » En première ligne, Çapèse, une association de lutte contre le sexisme à qui la direction a confié la réalisation de l’enquête.
Sa présidente a, elle aussi, été très surprise de découvrir l’ampleur des violences déclarées. (...)
Chaque année, l’association mène une enquête après la « quinzaine d’intégration » et le week-end d’intégration des nouveaux venus de première année, qui réunit pas moins de 1 200 participants. Les retours sont systématiques, témoignant d’une « drague lourde » et de « comportements et propos sexistes ». (...)