Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Infomigrants
"Cela fait déjà 3 semaines" : à bout de forces, des migrants manifestent dans le désert pour revenir en Tunisie
#migrants #desert #Tunisie #Libye
Article mis en ligne le 3 août 2023
dernière modification le 2 août 2023

Près de 150 migrants subsahariens sont toujours bloqués, depuis le début du mois de juillet, en plein désert, à Ras Jedir, dans la zone transfrontalière entre la Tunisie et la Libye. Ils ont été abandonnés là par les autorités de Tunis. Mardi, ils ont improvisé une manifestation pour réclamer leur retour en Tunisie et l’aide de la communauté internationale, pour l’instant sourde à leurs appels.

(...) "Cela fait déjà 3 semaines que nous sommes là, témoigne Kelvin un jeune nigérian de 33 ans joint au téléphone par InfoMigrants. Nous avons manifesté pour interpeller les autorités car on nous traite comme des animaux, mais le président tunisien ne veut pas répondre à nos appels". (...)

Dans une vidéo envoyée par le jeune homme, on peut voir quelques dizaines d’exilés à la frontière tunisienne brandir des pancartes en carton indiquant en anglais ou en arabe "We need your help" ou encore "Please Tunisian government, take us back". D’autres tapent sur des casseroles en métal à seulement quelques mètres de militaires tunisiens qui se contentent de les observer.

Arrivé en Tunisie il y a un peu moins d’un an avec son frère pour travailler dans le bâtiment, Kelvin n’a plus de nouvelles de lui depuis leur expulsion en bus dans le désert pas les forces de l’ordre tunisiennes. Selon lui, son frère a été expulsé à la frontière algérienne. D’après l’ONG américaine Human Rights Watch, au moins "1 200 ressortissants subsahariens" ont été expulsés de Tunisie à la frontière libyenne ou algérienne, depuis début juillet.
"Les militaires nous ont prévenus qu’ils nous tireraient dessus si on essayait de franchir la frontière"

Le groupe de migrants a reçu il y a 5 jours quelques colis humanitaires déposés par le Croissant Rouge libyen et l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), mais ils n’ont désormais plus rien (...)

"J’aimerais pouvoir revenir en Tunisie, certains d’entre nous ont de la famille là-bas, et des activités commerciales, mais les militaires nous ont prévenus qu’ils nous tireraient dessus si on essayait de franchir la frontière. On appelle n’importe qui à nous venir en aide, car on ne pourra pas se battre à mains nues contre les militaires armés", prévient Kelvin. (...)

Pour l’instant, quasiment aucune autorité internationale n’a réagi aux exactions qui se multiplient depuis début juillet en Tunisie, à la suite du discours xénophobe de Kaïs Saïed en février dernier. "Nous sommes profondément préoccupés par l’expulsion de migrants, réfugiés et demandeurs d’asile de Tunisie vers les frontières avec la Libye, et aussi avec l’Algérie", a déclaré ce mardi Farhan Haq, le porte parole du secrétaire adjoint des Nations unies.

Silence assourdissant des autorités internationales

Quelques jours plus tôt, le Haut commissariat aux réfugiés (HCR) et l’OIM avaient réclamé des "solutions urgentes" concernant les centaines de migrants bloqués à la frontière tunisienne, mais cet appel semble être resté lettre morte, et ce malgré la vingtaine de morts décomptés par InfoMigrants dans le désert depuis début juillet. Un bilan qui pourrait être bien plus élevé en raison de l’étendue de la zone.Pour l’instant, quasiment aucune autorité internationale n’a réagi aux exactions qui se multiplient depuis début juillet en Tunisie, à la suite du discours xénophobe de Kaïs Saïed en février dernier. "Nous sommes profondément préoccupés par l’expulsion de migrants, réfugiés et demandeurs d’asile de Tunisie vers les frontières avec la Libye, et aussi avec l’Algérie", a déclaré ce mardi Farhan Haq, le porte parole du secrétaire adjoint des Nations unies. (...)