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"Cassez-leur un bras" : L’évacuation violente de réfugiés à Rome provoque l’émoi en Italie
Article mis en ligne le 27 août 2017

Une vidéo montre un responsable de la police italienne lancer : "Ceux-là doivent disparaître, tant pis pour eux. S’ils jettent quelque chose, cassez-leur un bras".

La plupart sont arrivés d’Erythrée ou d’Ethiopie il y a 5, 10 ou 15 ans, exhibent volontiers leur permis de séjour de réfugié et les enfants parlent italien avec l’accent romain.

Depuis quatre ans, ils étaient près de 800 à squatter un immeuble désaffecté à deux pas de la principale gare de Rome, Termini.

Le 19 août à l’aube, à la demande du fonds propriétaire de l’immeuble, des policiers leur ont donné 15 minutes pour faire leurs valises. "J’ai tout laissé derrière moi", se désole une réfugiée érythréenne de 30 ans, sous couvert d’anonymat. (...)

jeudi, la police a dégagé à coups de canon à eau et de matraques les dizaines de réfugiés restés camper sur la place, qui ont répliqué en jetant des bombonnes de gaz et des pierres. (...)

L’opposition de droite a applaudi cette fermeté à son goût trop tardive dans un pays marqué par des arrivées massives depuis quatre ans, tandis que de nombreux défenseurs des droits de l’Homme ont dénoncé une démarche dans la lignée de la récente campagne contre les ONG secourant les migrants au large de la Libye.

350.000 demandes d’asile depuis 2014 (...)

Le Haut-commissariat de l’ONU aux réfugiés (HCR) a sommé les autorités italiennes, locales comme nationales, de "trouver une solution immédiate pour les gens qui dorment actuellement à la belle étoile et de s’assurer de mesures d’intégrations adéquates pour tous ceux qui ont droit à la protection internationale".

La solution immédiate est délicate : un relogement a été proposé aux familles à 75 km au nord de Rome, ce qui rend la rentrée improbable pour les enfants inscrits dans les écoles du quartier. Et le maire de gauche de la commune concernée s’est opposé à leur installation, expliquant qu’il y avait déjà 40 demandeurs d’asile pour 3.100 habitants. (...)

"En Italie, on vit comme des animaux", dénonçait un réfugié érythréen de 28 ans mercredi devant l’immeuble évacué, fulminant contre les règles européennes qui l’empêchent d’aller rejoindre des proches en Suède ou en Belgique.

La maire de Rome, Virginia Raggi (Mouvement 5 étoiles, populiste), élue il y a un an, a dénoncé pour sa part une situation inextricable, fruit "d’années de négligence".

Rome compte encore une centaine de bâtiments publics ou privés occupés, souvent sous la coupe de réseaux criminels percevant des loyers au noir, et "l’absence d’une politique nationale sérieuse (...) crée seulement une guerre entre pauvres", a-t-elle insisté.

Les Erythréens de Termini ne sont en effet pas les seuls : plusieurs centaines d’Italiens et Latino-américains expulsés en juillet d’un immeuble près des studios de Cinecittà campent dans l’entrée d’une église en face de la préfecture de Rome.

"Les pauvres d’abord", proclame l’une de leurs banderoles. (...)

Selon les médias samedi, le ministère de l’Intérieur prépare cependant une nouvelle directive : désormais, les expulsions devront inclure une solution de relogement pour les plus vulnérables.