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La Cimade
Campements : comment sortir de l’impasse ?
Article mis en ligne le 7 novembre 2019

Pourquoi y a-t-il tellement de campements en cette rentrée 2019 ?

Les campements existent depuis 2015 et cette situation s’explique par deux facteurs.

Le premier est le sous dimensionnement du parc d’hébergement, principalement celui dédié aux personnes qui demandent l’asile. L’État dispose de plus de 100 000 places, mais seulement 70 000 demandeurs d’asile y sont hébergés, le reste étant occupé par les réfugié·e·s et les débouté·e·s qui peuvent occuper ces places quelques temps avant de trouver une solution ou d’être mis à la rue. Or, il existe environ 170 000 personnes dont la demande d’asile est en cours d’instruction. Donc 100 000 demandeurs d’asile ne sont pas hébergés par l’État une partie est hébergée chez des proches ou des citoyen·ne·s solidaires, les autres sont à la rue.

Le deuxième facteur est la conséquence des politiques d’accueil. D’une part, les personnes déboutées ou réfugiées sont mises à la rue et comme elles ne peuvent plus, en fait et non en droit, accéder aux hébergements d’urgence gérés par le 115, elles sont sans solution. D’autre part, les refus d’accès aux conditions matérielles d’accueil, notamment pour les personnes dublinées déclarées « en fuite » qui se retrouvent, elles aussi, à la rue sitôt leur « fuite » déclarée.

Concernant les personnes réfugiées, qui sont très présentes dans les campements, le paradoxe c’est qu’il n’y a jamais eu autant de places dans les centres provisoires d’hébergement (CPH) qui leur sont dédiés. Selon le ministère de l’intérieur il y en aurait 8700, j’en ai pour ma part dénombré 8300, et surtout il y a de nombreuses places qui sont vides, notamment dans des zones rurales. Par exemple, c’est le cas au CPH d’Aurillac où l’Office français de l’immigration et de l’intégration (Ofii) n’est pas capable d’envoyer des personnes… Il existe un réel problème de gestion de ce parc.

Les 115 disent désormais aux personnes qui demandent l’asile ou aux réfugiés : « vous n’avez pas vocation à entrer dans le dispositif d’hébergement d’urgence. » Ou alors il y a des quotas, mais tout cela se fait via des consignes non écrites (...)

Qui sont les personnes qui dorment et survivent dans les campements ?

L’étude qui a été faite à Nantes en septembre 2019 par La Cimade avec la participation du Secours Catholique, montre que ce sont principalement des demandeurs d’asile qui dorment dans les campements, il représentent près de 70 % des 91 personnes interrogées si on compte les dubliné·e·s ou 31,4 % sans les dubliné·e·s. Et 18 % des personnes ont le statut de réfugié ! Seulement 2,2 % de débouté·e·s du droit d’asile, c’est très marginal. (...)

À Dijon, Macon, Strasbourg, Toulouse, Montpellier ou Bordeaux, il y a beaucoup de ressortissants des pays considérés comme « sûrs », qui demandent aussi l’asile, mais n’ont pas accès aux dispositifs d’hébergement dès lors que l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) a rejeté leur demande d’asile
Quelles sont les solutions pour remédier aux campements ?

Le ministère de l’intérieur a créé de nombreuses places ces dernières années, mais pas assez, et cela n’a pas empêché la saturation du dispositif. Ce que préconise La Cimade depuis de nombreuses années, c’est de faire sortir les demandeurs d’asile de la quarantaine sociale où ils sont placés pendant l’examen de leur demande. C’est-à-dire leur offrir un accès au marché du travail, aux allocations familiales, à un logement de droit commun. Aujourd’hui, ils n’ont pas accès à ces droits, même quand ils en font la demande. Il est nécessaire de permettre aux personnes d’accéder automatiquement au droit au travail, éventuellement après un délai de six mois. Cela va permettre des sorties par le haut du DNA : certaines personnes vont trouver un travail avant de sortir du lieu d’accueil car elles ont trouvé un logement.

Par ailleurs, il est aussi nécessaire que l’État remplisse ses obligations et crée plus de places. (...)