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Calais : les migrants expulsés se voient-ils proposer une « mise à l’abri systématique » comme l’assurent Macron et Schiappa ?
Article mis en ligne le 5 novembre 2021

Vingt-cinq jours sans manger. Le père Philippe Demeestère, dont Libé faisait le portrait au début de sa grève de la faim, a recommencé à s’alimenter ce jeudi. Mais pas Anaïs Vogel et Ludovic Holbein, les deux militants qui l’accompagnent dans ce combat depuis le 11 octobre. La situation est grave, à l’image de ce qu’ils dénoncent : « l’escalade des violences policières envers les personnes déplacées, à Calais ».

L’information est pourtant remontée jusqu’aux oreilles les mieux placées du gouvernement : lundi 25 octobre, Emmanuel Macron, en plein bain de foule à Montbrison, dans la Loire, a été interpellé sur le sujet. Le Président s’est vu demander s’il avait « prévu de passer à Calais pour rencontrer les trois militants en grève de la faim », dont les revendications portent notamment « sur la fin des expulsions pendant la trêve hivernale ».

Mis au fait de la situation, le chef de l’Etat a promis de se renseigner mais a assuré que les expulsions cessent de facto début novembre. Mentionnant l’action des forces de l’ordre, il a déclaré : « Leur travail, c’est d’emmener toutes ces personnes dans des centres d’accueil pour pas qu’ils restent dans des tentes. […] On leur propose de les prendre en charge côté français mais la grande difficulté, c’est qu’ils ne veulent pas rester. » Le lendemain, mardi 26 octobre, la ministre déléguée chargée de la Citoyenneté, Marlène Schiappa, renchérit : « Certes, des camps sont régulièrement démantelés, mais de telles mesures sont prises avant tout pour mettre les personnes à l’abri dans des centres d’accueil et d’examen des situations administratives [CAES] où des solutions leur sont proposées. » (...)

« 97,6% des expulsions n’ont pas été suivies de mise à l’abri »

Les affirmations de la ministre ont en effet révolté les témoins des expulsions quotidiennes sur le terrain. Human Rights Observers (HRO), équipe inter-associative réunie en tant qu’organe d’observation et d’analyse de l’état des droits humains des personnes exilées à Calais et Dunkerque, affirme que « 97,6% des expulsions n’ont pas été suivies de mise à l’abri effective à Calais » en 2020. Une observation établie lors de leur rapport annuel. Le HRO précisait alors : « En droit, une expulsion doit être a minima accompagnée d’une proposition de mise à l’abri. Cette mise à l’abri doit être consentie, après délivrance d’une information complète aux personnes concernées. Or lorsqu’une mise à l’abri est prévue, elle est souvent exercée sous la contrainte. S’ajoute à cette contrainte l’absence de diagnostic social en amont de l’expulsion, le type d’hébergement proposé n’est donc souvent pas adapté » et peu de personnes exilées y ont recours. Pour les militants, rien n’a changé depuis cette étude. « Encore ce matin, un lieu de vie a été expulsé à Calais, sans solution alternative », tweetait le collectif le 26 octobre. Et de nouveau le lendemain.

Les associations locales font état d’opérations de « destruction totale » de camps de personnes exilées, qui n’ont pas cessé avec la trêve hivernale, en témoignent des vidéos tournées lundi. (...)

Leurs observations sont corroborées par les études d’institutions et ONG. En février, la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) demandait à ce que cessent les atteintes à la dignité et aux droits fondamentaux des personnes exilées, qui « sont expulsées de leurs lieux de vie informels et errent à la recherche d’abris de fortune et de moyens de survie ». La CNCDH affirmait que « l’accès à l’eau potable, à la nourriture, aux douches et aux sanitaires, aux premiers soins d’urgence et aux services hospitaliers n’est pas garanti, portant des atteintes graves à la dignité des personnes » et que la mise à l’abri d’urgence des personnes exilées devait être traitée comme un impératif humanitaire. Une étude de l’ONG internationale Human Rights Watch, publiée début octobre, fait le même constat, huit mois plus tard. (...)

Un hébergement systématique… proposé cette semaine

Les retours de terrain des différents acteurs locaux sont explicites. Mais la preuve que Marlène Schiappa était dans le faux est venue de Didier Leschi, directeur de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (Ofii), envoyé par le gouvernement pour régler le problème. Après avoir rencontré les associations, il s’est engagé au nom de l’Etat à « proposer systématiquement un hébergement, essentiellement dans le Pas-de-Calais, dans les Hauts-de-France », dès cette semaine. Contacté par CheckNews, Didier Leschi ne souhaite pas s’exprimer sur les propos de la ministre, mais confirme qu’il propose, dans le cadre de sa médiation, qu’un hébergement soit systématiquement offert aux personnes. Signe manifeste que la proposition systématique d’un hébergement n’était pas la norme jusqu’à présent.

Pour le collectif Faim aux frontières, les engagements de Didier Leschi ne sont pas satisfaisants. Il souligne que « tant que les enquêtes en flagrance continueront », le problème sera le même. « Les enquêtes en flagrance permettent aux policiers de déloger quotidiennement les personnes installées illégalement sur un terrain privé ou appartenant à la commune », explique Louis Witter, photojournaliste spécialisé sur le sujet de l’immigration franco-britannique, à CheckNews. « Ils constatent l’infraction en flagrant délit, font évacuer tout le monde – généralement dans la violence – et réalisent un procès-verbal indiquant qu’ils ont incité les personnes à partir d’eux-mêmes pour mettre fin à l’infraction d’occupation de terrain, ce qui clôt l’affaire. » Selon lui, « toute l’hypocrisie de l’Etat repose sur cette ambivalence juridique : au niveau légal, seules les expulsions ordonnées par un juge et organisées avec le concours des forces de l’ordre et de la préfecture sont considérées comme telles ». Dans le cadre de ces expulsions-là, en effet, des cars sont présents pour emmener ceux qui le souhaitent à l’abri. « Or, cela ne concerne que les gros démantèlements, de plus de 500 personnes. La majorité des expulsions sont des enquêtes en flagrance : depuis le mois d’août, elles ont lieu tous les jours ou toutes les quarante-huit heures », témoigne-t-il. Et dans ces cas-là, les exilés sont juste poussés plus loin.

La députée Jennifer de Temmerman souligne par ailleurs que même si des solutions d’hébergement étaient proposées systématiquement, les conditions actuelles ne permettent pas aux exilés d’avoir confiance et d’accepter un processus de régularisation. (...)

Même remarque du côté de Faim aux frontières, qui estime que les mises à l’abri actuelles, comme celles proposées par Didier Leschi, ne sont que « des déplacements forcés des personnes loin de la frontière vers des hébergements dans lesquels nous savons d’expérience que les personnes ne resteront pas ». Les grévistes et les autres associations, unanimes sur la question, ont donc refusé de s’accorder avec le médiateur.

Lire aussi :

 Grévistes de la faim à Calais : « On a l’impression d’être baladés »

Jeudi 4 novembre, le prêtre Philippe a annoncé mettre fin à sa grève de la faim. Il l’avait entamée 25 jours plus tôt avec Anaïs et Ludovic, deux citoyens, qui eux la poursuivent, pour dénoncer les traitements subis par les exilés dans le Calaisis. Une tentative de médiation, organisée par le ministère de l’intérieur, a échoué. (...)

Tous trois réclament une pause dans les « violations des droits humains et fondamentaux » des exilés (qu’un récent rapport de l’ONG Human Rights Watch pointait ici).

Mardi 2 novembre, le médiateur missionné par le ministère de l’intérieur pour résoudre la « crise », Didier Leschi – par ailleurs directeur de l’Office français de l’immigration et de l’intégration, appelé Ofii –, est venu rencontrer grévistes et associations pour la troisième fois, après une première entrevue une semaine plus tôt.

« On a l’impression d’être baladés, d’être pris pour des idiots », lâche Ludovic, amer, au lendemain du rendez-vous. En cause ? « Son attitude, le fait qu’il informe la presse avant nous de certaines choses, le décalage entre ce qu’il nous dit en réunion et ce qui ressort dans les médias… » Anaïs admet se sentir « trahie ». Mercredi matin, elle a reçu une vidéo montrant les forces de l’ordre lancer du gaz lacrymogène sur l’un des lieux de vie des exilés. « Ça résume plutôt bien les choses », s’agace-t-elle. (...)

Lors de la dernière entrevue, Didier Leschi leur a présenté les « solutions » proposées par l’État (ou plutôt « imposées », si l’on en croit les grévistes) : un hébergement systématique, avec l’ouverture d’un « SAS » de 300 places rue des Huttes, sorte de zone tampon où pourront être hébergés les exilés avant leur transfert en centre d’accueil et d’examen des situations administratives (CAES).

Autrement dit, pas question pour les autorités de suspendre les démantèlements de camps et leur lot de souffrances, ni de reconnaître que les migrants subissent un harcèlement quasi quotidien et des traitements dégradants. À chaque fois, le même argument : celui de ne pas créer de « points de fixation », avec le sempiternel exemple de la jungle de Calais démantelée il y a tout juste cinq ans.
La goutte d’eau qui a fait déborder un vase déjà bien rempli

« Tout se passe comme s’il n’y avait que deux options, les expulsions ou la création d’une nouvelle jungle. En réalité, aujourd’hui, quatre ou cinq petits camps existent sans qu’une grande jungle ne se soit formée. On n’est pas pour le fait de laisser les gens vivre dans de telles conditions, on demande juste à ce qu’on leur laisse leurs tentes et effets personnels. Et si demain un grand bâtiment inoccupé permet de leur offrir un accueil inconditionnel, c’est déjà bien » (...)

« Et qu’on laisse le choix aux personnes de se rendre en CAES ou de rester à Calais, selon les raisons qui leur sont propres », complète Anaïs, abasourdie par le fait que l’État veuille décider pour les personnes exilées, sans que l’on ne leur demande leur avis.

L’une des solutions imaginées par certaines associations serait la création de « maisons des migrants » sur le littoral, à l’instar de ce qui existe au Mexique, pour permettre aux personnes en transit d’être accueillies en sécurité, dans le respect des droits humains, avec un accès au droit et à l’information. Une idée balayée d’un revers de la main par les autorités, sous pression vis à vis du Royaume-Uni qui met tout en œuvre pour réduire le nombre de traversées dans la Manche en allant jusqu’à menacer la France de ne pas verser l’aide promise visant à renforcer la surveillance de ses frontières.

Le prêtre imagine, sans que cet avis ne soit partagé par les deux autres grévistes, la création d’un centre à la frontière où les exilés pourraient déposer leur demande d’asile pour le Royaume-Uni. Avec le risque, comme l’ont démontré les projets farfelus du gouvernement britannique (lire ici ou là), qu’un centre ne soit finalement créé à mille lieues du pays, dans une logique d’externalisation de la demande d’asile (lire notre article). Mercredi matin, Philippe reçoit un SMS du médiateur lui confirmant l’ouverture du site dès aujourd’hui et lui promettant de revenir en fin de semaine pour s’assurer de son bon fonctionnement. Et tant pis si cette solution ne répond pas à leurs revendications initiales. (...)

Autour des grévistes, à l’intérieur de l’église Saint-Pierre, les banderoles sont pourtant là pour les marteler : « Stop aux expulsions pendant la trêve hivernale », « Stop au racket des affaires des exilé·e·s », « Ouverture du dialogue entre autorités et associations non mandatées ». Sur une table à l’entrée trônent la pétition en soutien aux grévistes (ayant réuni près de 50 000 signatures) et la déclaration des droits des personnes sans-abri.

À gauche, le regard immortalisé par les portraits de trois exilés décédés à la frontière, dont Yasser, un jeune Soudanais fauché par un camion fin septembre. Quelques heures après le drame, les forces de l’ordre procédaient à l’évacuation du lieu de vie le plus important de Calais, où vivaient ses proches. Pour lui rendre hommage, des exilés ont publié une lettre ouverte où ils décrivent leur quotidien. (...)

Mardi soir, dans l’église Saint-Pierre, une vingtaine de personnes sont là pour chanter, guitare à la main pour certains, aux côtés des grévistes. « Certains passent juste dire bonjour, d’autres restent un peu plus longtemps. C’est une présence importante pour qu’ils ne fatiguent pas », confie Clara, coordinatrice de la plateforme de soutien aux migrants, après s’être engouffrée dans une pièce attenante au chœur de l’édifice. (...)

Contacté par Mediapart, le patron de l’Ofii souligne la « complexité calaisienne », une ville où des personnes arrivent sans cesse. « Le point de divergence qu’il reste est la question du maintien ou non des personnes dans des campements de fortune alors qu’on leur propose des hébergements », pointe-t-il, évoquant les associations et grévistes qui estiment que les exilés ont le droit d’aller et venir et de rester à Calais s’ils le souhaitent. Et d’ajouter, tout en rejetant l’idée que des effets personnels puissent être « volés » aux migrants : « L’enjeu, depuis cinq ans, est que ne se reconstitue pas la “jungle”. Il continuera donc à y avoir des évacuations pour empêcher le grossissement de campements de fortune à Calais. » (...)

Parmi les propositions faites aux grévistes et associations, l’arrêt des opérations menées « par surprise » et la mise en place de maraudes pour prévenir les personnes qu’un hébergement leur sera proposé. « Le jour des évacuations, un délai sera proposé pour qu’elles puissent récupérer leur tente ou leurs effets personnelles si elles le souhaitent. Il ne faut pas oublier qu’à Calais, il y a des Calaisiens, et il n’est pas illégitime de leur part de demander une meilleure répartition de la charge de l’accueil dans l’ensemble de la région. C’est donc ce qui se fait, des places vont être ouvertes. Et la maire, Natacha Bouchart, ne veut rien à Calais. » Des agents de l’Ofii inciteront par ailleurs les personnes à déposer leur demande d’asile en France. (...)

Depuis la seconde rencontre, des associations non mandatées par l’État évoquent un sentiment de « mépris » – plusieurs évacuations ont eu lieu au premier jour de la trêve hivernale, lundi, malgré la médiation en cours. Sans « dialogue possible », organisations et grévistes comptent désormais interpeller Emmanuel Macron.

« Didier Leschi l’a dit lui-même, il est technicien et nos demandes sont politiques », note Clara. « Je n’ai pas le sentiment de les avoir méprisés, se défend le médiateur. Je suis allé les voir régulièrement et je considère que leur action est à prendre en considération. Mais il faut aussi accepter l’idée de victoires transitoires vers un avenir meilleur. » En attendant, certains parmi les soutiens des grévistes ont glissé être prêts à prendre la relève si Philippe, Anaïs et Ludovic venaient tous trois à cesser leur grève. « On a, de toute façon, d’autres leviers d’action », prévient le prêtre.

 À Calais, l’État s’engage à proposer "systématiquement" un hébergement aux migrants

(...) Le patron de l’Ofii, envoyé en tant que médiateur par le gouvernement à Calais, a indiqué, mardi, qu’un hébergement sera "systématiquement" proposé aux exilés lors des démantèlements de campements. Il a également proposé que les migrants puissent récupérer leurs affaires avant ces opérations. ces mesures devraient entrer en vigueur "dès la fin de la semaine". Les associations ont dénoncé des mesures "indécentes".

Cela devait être une piste pour sortir de la crise qui oppose l’État et les associations d’aide aux migrants à Calais. Le gouvernement a annoncé, mardi 2 novembre, s’engager à proposer "systématiquement" un hébergement aux migrants contraints de quitter leurs campements lors des évacuations. (...)

Concrètement, un délai "d’environ 45 minutes" sera désormais laissé aux migrants pour réunir leurs affaires : "Il n’y aura plus d’évacuation par surprise", promet le médiateur, assurant par ailleurs qu’une maraude de l’Ofii "passera avant chaque évacuation" pour effectuer un diagnostic social (identifier les personnes vulnérables comme les femmes enceintes et les personnes malades et les diriger vers les centres adéquats). Ces propositions pourraient entrer en vigueur dès "la fin de semaine", a-t-il estimé.

Le patron de l’Ofii avait déjà proposé ces mêmes idées la semaine dernière. Les acteurs locaux avaient déploré une visite "électoraliste", tandis que les grévistes de la faim avaient estimé que Didier Leschi n’apportait "pas de solutions".

À l’issue d’une nouvelle rencontre, ce mardi, les membres associatifs ont dénoncé des mesures "indécentes", a rapporté un journaliste de RFI présent sur place. (...)

Dans un communiqué publié après la visite du directeur de l’Ofii, les associations d’aide aux migrants dans la région ont réitéré leurs demandes : "La fin du harcèlement quotidien, et donc la fin des expulsions".

"Nous, associations et grévistes de la faim, ne souhaitons pas que les personnes vivent dans les conditions indignes d’un campement et n’avons de cesse de demander une vraie politique d’accueil." Selon les militants, "le médiateur n’a fait aucun pas vers les grévistes" et en appelle donc au chef de l’État. "Monsieur le Président de la République, n’y a-t-il personne avec suffisamment de courage politique pour décider d’une pause de cinq mois dans les violations quotidiennes des droits fondamentaux dans notre pays ?" (...)

 À Calais, le prêtre jésuite met fin à sa grève de la faim mais souhaite « poursuivre [son] engagement »

Le père Philippe Demeestère a annoncé, jeudi 4 novembre, mettre fin à la grève de la faim qu’il avait entamée le 11 octobre, aux côtés de deux militants associatifs, en soutien aux exilés. « Le premier objectif que je m’étais fixé était d’arriver au 2 novembre, pour célébrer la mémoire des défunts, morts à Calais », témoigne l’aumônier du Secours catholique, joint ce jeudi par La Croix. (...)

Après 24 jours sans s’alimenter, il laisse désormais ses « compagnons de grève » poursuivre sans lui. « Je demeure totalement solidaire de la détermination qui est la leur, car les propositions faites jusqu’à ce jour par les autorités ne tiennent pas compte des itinéraires des personnes exilées à qui on n’accorde jamais la parole », a-t-il indiqué par ailleurs dans un communiqué. Il compte d’ailleurs adresser une lettre ouverte au président de la République afin de rencontrer un membre de son cabinet. (...)

Le père Demeestère décrit à La Croix comment il compte poursuivre ses projets pour « poursuivre [son] engagement ». L’aumônier du Secours catholique, âgé de 72 ans, évoque la reprise d’un chantier de mise en place d’un « abri hivernal », destiné à accueillir les migrants les plus fragiles. Un lieu associatif « souple, avec une dimension familiale », à la différence des dispositifs hivernaux souvent saturés, où l’attente de prise en charge peut être longue. (...)

Le jésuite, ce faisant, ne perd rien de sa détermination. « Il s’agit quand même de vies humaines », martèle-t-il. « Cette nuit encore, des policiers sont intervenus dans un campement pour éteindre les feux auprès desquels les migrants se réchauffaient avec des récipients d’eau. Qu’est-ce que cela signifie ? », interroge-t-il.

Il s’installera, à partir du mois de décembre, dans l’un des campements d’exilés, « pour être présent lors des opérations d’expulsion menées par la police ». « Aller dormir dans les jungles, c’est une manière de dire par le corps ma proximité avec eux », confie-t-il. Le père Philippe Demeestère y célébrera la messe de Noël, invitant ceux qui le souhaitent à le rejoindre pour une « messe festive ».

 Migrants et associatifs empêchent l’évacuation d’un campement à Calais
On ne peut pas affirmer que c’est inédit mais c’est en tout cas très rare. Ce jeudi matin, migrants et associatifs ont empêché les forces de l’ordre d’évacuer un campement, rue du Beau-Marais à Calais. Récit.

9 h 20 ce jeudi, sur un terrain vague entre la voie ferrée et un bois, derrière la rue du Beau-Marais. On aperçoit la zone logistique de la Turquerie, voisine de Transmarck, où transitent des camions en partance pour l’Angleterre. Pas étonnant qu’un camp de migrants, avides de traverser la Manche par tous les moyens, ait pris forme dans ce bois. (...)