
Depuis le mois de mars 2020, des mesures exceptionnelles ont été prises en faveur des entreprises et des salariés pour face à l’impact économique de la crise sanitaire. Il est urgent que les Caisses d’allocations familiales (CAF) mettent en place, elles aussi, des mesures exceptionnelles, à commencer par la suspension immédiate de leurs retenues sur prestations.
Avocats en Droit des prestations sociales et familiales, nous constatons, en pleine crise de coronavirus, que les CAF continuent de pratiquer des retenues sur les prestations dues à leurs allocataires, pour obtenir le remboursement de dettes souvent contestables : les indus.
Les CAF prélèvent ainsi des sommes indispensables au paiement des dépenses courantes, dont les loyers. Des retenues élevées ont été opérées sur le RSA versé à partir du 4 avril 2020.
Alors que la plupart des associations caritatives ont dû fermer leurs portes, ces retenues aggravent la précarité des familles. De nombreux foyers se trouvent privés d’une partie ou de la totalité de leurs allocations familiales, de la prime d’activité, du RSA, d’une aide au logement ou d’une allocation aux personnes handicapées.
Les autorités publiques ont annoncé des mesures pour les entreprises, les salariés et toutes les catégories d’actifs, pour limiter les faillites ou les impasses de trésorerie. Des bailleurs sociaux ont annoncé un moratoire des loyers. Les allocataires des CAF ont, eux aussi, des besoins immédiats de trésorerie. Fragilisés, dépendants des prestations sociales, leur situation financière s’est fortement dégradée.
Dans ces circonstances exceptionnelles, les CAF doivent, sans retenues, verser aux allocataires et à leurs bailleurs l’intégralité des prestations.
En outre, il faut rappeler que, en application des articles L. 262-46 du Code de l’action sociale et des familles et L. 553-2 du Code de la Sécurité sociale, les CAF sont tenues de suspendre immédiatement toute retenue, dès qu’un recours a été formé par un allocataire. Nous déplorions déjà, avant la crise épidémique, des retenues illégales, mises en place alors même que nos recours étaient en phase d’examen par les CAF. A ce jour, ces retenues illégales continuent, et laissent sans prestation des dizaines de milliers de foyers. Aujourd’hui plus qu’hier, ces retenues doivent cesser. (...)