
ILP Vegetable ou plateforme internationale de licences pour les végétaux (International Licensing Platform) : c’est la nouvelle trouvaille des industries semencières pour se partager des brevets à moindre coûts et en toute transparence... entre elles ! On voit ce qu’elles y gagnent, mais ça ne fait guère avancer la problématique des brevets sur le vivant ! Détails sur ce système « performant » pour les entreprises.
Les ententes commerciales entre entreprises concurrentes sont monnaie relativement courantes. La raison en est simple : le fondement du capitalisme - la guerre sans pitié entre entreprises - entraîne des prix toujours à la baisse, et laisse des morts sur la route. Quand il s’agit de petites entreprises, pas de problème, les grosses les rachètent. Mais entre puissants, il peut être commercialement plus intéressant (et plus lucratif) de s’entendre que de passer son temps à se battre à coup de prix cassés.
Dans le domaine des industries semencières, on se bat aussi, mais pour des histoires de propriété intellectuelle, et notamment de brevets. Il en va ainsi des entreprises Monsanto et DuPont, en procès durant trois ans et qui, après une condamnation de DuPont à verser 800 millions à Monsanto, ont finalement trouvé un accord en 2013, s’autorisant l’une l’autre à utiliser différentes technologies brevetées [1]. Ainsi également pour Syngenta et Dow AgroSciences qui, en mai 2012, ont signé un accord par lequel elles s’autorisent mutuellement à utiliser des transgènes codant pour la production d’un insecticide que chacune a développés [2]. Ou encore, la victoire de Syngenta contre Monsanto, quand une Cour d’appel fédérale américaine a confirmé en 2007 que Syngenta pouvait commercialiser son « Agrisure GT » (GA21), un maïs génétiquement modifié résistant à l’herbicide glyphosate [3]...
Ces accords entre entreprises, dont les différentes modalités (joint venture, licences, rachat...) ont été détaillées par Inf’OGM [4], leur permettent donc, en théorie, un « bénéfice mutuel », dans un contrat « gagnant-gagnant ». Mais c’est encore du « coup par coup », avec donc un coût de transaction non négligeable en temps et paperasseries : recherches sur les brevets existants, négociations préalables, éventuels procès ou menaces, rédaction de l’accord final... Les entreprises estiment que ces coûts peuvent monter jusqu’à 100 000 euros !
En s’inspirant de ces accords bilatéraux, mais en changeant d’échelle, plusieurs entreprises semencières ont, en novembre 2014, élargi ce système, pour qu’il soit plus pérenne, plus automatique, plus sûr au niveau légal, mais aussi plus « entre soi », excluant ainsi au passage la réflexion sur la recherche publique, et donc au final moins chronophage quand il arrivera en vitesse de croisière : elles ont créé la plateforme internationale de licences pour les végétaux (International Licensing Platform – ILP Vegetable). Que quoi s’agit-il ?
Atténuer l’effet "blocage de l’innovation" par les brevets (...)