
C’est l’une des plus grandes figures du journalisme allemand d’investigation : Günter Wallraff, interrogé par nos confrères du Buchreport, n’a pas mâché ses mots, la semaine passée, en lançant un appel officiel à boycotter le cybermarchand américain. Son dernier ouvrage, que l’on ne trouvera d’ailleurs pas chez Amazon, est à l’image de son cri de colère...
Acceptant, à 70 ans, d’avoir « quelques lacunes » pour ce qui concerne internet, le journaliste évoque cependant « une véritable prise de conscience », quand on parle d’Amazon. Et suite au reportage qui a mis le feu aux poudres outre-Rhin, il a pris ses renseignements, sur la firme américaine, et demandé à son éditeur de retirer tous ses ouvrages des cybertables.
Mais ce ne sont pas les seules conditions de travail des salariés d’Amazon qui lui posent problème : il faut également se rendre compte de l’ensemble des menaces qui pèsent sur le commerce du livre, ainsi que le monopole qui « menace notre diversité culturelle ».
Selon lui, « chaque individu est en mesure de changer quelque chose dans le système. Je lance l’appel suivant pour les consommateurs : allez dans les librairies qui proposent le livre le lendemain de la commande ». Ne pas chercher le pas cher à tout crin, ni le plus vite en permanence. Ne pas hâter cette marche vers une société qui ferait penser de plus en plus à Brave New World de Huxley - et dont personne n’a jamais voulu.
Son éditeur s’est prêté au jeu du boycott d’Amazon, et a accepté, contre les intérêts financiers que cela représente, de faire ce que son auteur lui a demandé. Mais Günter Wallraff sait qu’il n’a pas plus de pouvoir que cela, à son propre niveau. Ce boycott personnel, c’est un moyen pour entretenir une pression publique sur Amazon, et dénoncer l’exploitation globale. (...)