
Des défenseurs des droits humains, des syndicalistes, des étudiants et de nombreux militants de différentes organisations de la société civile sont venus protester contre l’organisation du Forum mondial des droits de l’homme (FMDH) prévu à Marrakech entre le 27 et le 30 novembre 2014.
A 17H00, une heure avant l’inauguration annoncée par la presse officielle marocaine, le Conseil national des droits humains (CNDH) et la Délégation interministérielle des droits de l’homme (DIDH), les premiers manifestants se donnent rendez-vous devant le portail d’entrée du FMDH et forment un grand cercle où chaque groupe brandit des banderoles sur lesquelles sont inscrits des slogans condamnant la situation des droits de l’homme au Maroc.
Ce sit-in intervient dans le cadre d’une série d’actions de boycott décidées de concert avec la Coordination locale pour la solidarité et la défense des droits et des libertés de Marrakech (CLSDLM), suite à l’appel lancé le 24 novembre dernier par huit associations marocaines ayant tenu une conférence de presse au siège de l’Association marocaine des droits humains (AMDH) à Rabat pour annoncer la suspension et le boycott de leur participation aux travaux du FMDH. (...)
Hamza Ait Ouhemou, secrétaire général de l’organisation ATTAC, section Marrakech est également membre de la CLSDLM. Un collectif rassemblant de nombreuses associations de la société civile marrakchie venues dénoncer l’organisation du FMDH dans leur ville.
Selon Hamza « les slogans promus par les organisateurs de cet événement n’ont rien à voir avec la réalité quotidienne des Marocains car leurs droits politiques, culturels et socio-économiques sont bafoués dans un pays qui prétend organiser un événement d’une telle ampleur ».
Boycott d’une vision libérale des droits humains (...)
Un point de vue que partage Wafae Doughrai, également membre de la CLSDLM qui explique que son collectif, classé plutôt à gauche « veut permettre à des organisations politiques et de la société civile de protester contre les éventuelles recommandations qui seront adoptées à l’issue de l’événement et qui risquent très probablement de s’inscrire dans la droite ligne de la politique néolibérale internationale détériorant en permanence les droits et les acquis socio-économiques de la population mondiale ».
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Hamza Ait Ouhemou signale également que « le CNDH a marginalisé les plus anciennes associations marocaines qui militent pour les droits de l’homme au Maroc dans l’organisation de cet événement ».
Au départ, les associations signataires de l’acte de boycott avaient exprimé leur volonté de participer au FMDH et ont contribué à une série de rencontres préparatoires avec les organisateurs du forum sauf que ces associations ont senti par la suite une volonté de les écarter progressivement du processus de participation.
Les explications de ces développements ont été expliquées dans un communiqué de presse diffusé le 24 novembre dernier par les huit associations boycottant le FMDH.
Pour Mohammed Salmi, Coordinateur du Comité de défense des droits humains au sein de l’organisation Al Adl Wal Ihssane, « la présence à ce sit-in est d’abord une occasion pour confirmer notre boycott des travaux du FMDH et pour condamner la dégradation de la situation des droits humains au Maroc ».
Salmi condamne également la campagne menée par les autorités contre de nombreuses associations et défenseurs des droits humains et demande la libération des détenus politiques.
Droits humains au Maroc : un parcours inachevé (...)
Le responsable de la LMDH constate « une recrudescence des cas de violations des droits humains au Maroc et la persistance de la détention de militants islamistes et du Mouvement du 20 février (M20F) pour des raisons politiques ou d’opinions ».
Zhrari aurait souhaité que l’Etat marocain assainisse la situation des droits humains dans le pays et que la page des violations soit définitivement tournée avant l’accueil du FMDH. (...)
Le mécanisme national de prévention contre la torture : une étape décisive
La veille de l’inauguration du FMDH, le Maroc annonçait l’accomplissement des procédures onusiennes concernant la ratification du Protocole facultatif se rapportant à la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants. Mais pour les militants des droits humains au Maroc, le pays a accusé du retard concernant l’accomplissement de ces procédures.
Selon Mr Zhari, président de la LMDH, « plusieurs mois se sont écoulés depuis la ratification du protocole facultatif et sa publication au Bulletin officiel. Il semble que l’Etat marocain veuille gagner du temps sur cette question. Malgré tout, nous considérons qu’il s’agit d’un acte politique important car le Maroc sera obligé de se doter d’un mécanisme national de prévention contre la torture (MNPT) dans un délai d’une année à compter de la date de l’accomplissement de la procédure de ratification ».
Les défenseurs des droits humains préconisent que cette nouvelle instance soit indépendante et qu’elle ne relève ni du CNDH, ni d’aucune autre institution de l’exécutif. (...)
Pour clore le sit-in, l’égérie féminine des droits humains, Khadija Riyadi, sacrée du prestigieux prix des Nations unies des droits de l’homme en 2013 à New York a fait une allocution devant les caméras des médias présents sur place.
Lors de son speech, Khadija Riyadi a rappelé la réalité des droits humains au Maroc ainsi que les différentes exactions dont se rendent responsables les autorités marocaines contre les associations. Elle a également expliqué qu’une participation au FMDH organisé par le Maroc signifierait un cautionnement des nombreuses violations des droits humains commises par les autorités marocaines.
Mme Riyadi a enfin rassuré les organisations boycottant le FMDH que leur voix est parvenue aux plus hautes instances et organisations internationales de défense des droits humains comme la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) qui vient d’adresser une lettre acerbe au ministre marocain de l’intérieur condamnant sa compagne de répression contre différentes associations marocaines.
Khadija Riyadi a par ailleurs assuré que la lutte pour les droits humains va se poursuivre au Maroc malgré toutes les manœuvres déployées contre les associations et les militants.
Hamza, drapé des couleurs d’ATTAC explique aussi que « les bailleurs de fonds du FMDH, les organisations qui y participent et les personnalités invitées cautionnent la politique des instances monétaires internationales qui inculquent au Maroc sa politique d’austérité ».